Le seuil psychologique des 1 000 morts a été franchi au dix-neuvième jour de l'agression israélienne contre la bande de Ghaza. Selon différentes sources, pas moins de 70 victimes sont tombées hier lors des raids de l'armée israélienne sur toute la bande, portant le nombre total de morts palestiniens à plus de 1 010 et 4 700 blessés. Le bilan reste toujours provisoire étant donné que plusieurs blessés succombent et un nombre encore indéterminé de personnes restent coincées sous les décombres des habitations qui tombent chaque jour davantage. Pour la journée d'hier, et au regard de la férocité des attaques, plusieurs habitations ont été la cible des raids de l'armée israélienne, notamment à l'aide de l'aviation, dans toute la bande de Ghaza. Pendant ce temps, l'infanterie de l'armée sioniste continue d'encercler la ville de Ghaza à l'aide de chars et d'hélicoptères de combat. Des combats acharnés ont duré toute la nuit de mardi à hier et durant une bonne partie de la journée d'hier, selon des témoignages recueillis par des agences de presse auprès d'habitants sur place. Ces combats, qui ont viré à une véritable bataille urbaine, se sont déroulés dans plusieurs quartiers populaires de la ville. Les soldats israéliens ont même pénétré dans des ruelles de la vieille ville à la recherche de combattants du Hamas et d'autres factions palestiniennes. Les combattants palestiniens ont répliqué avec des roquettes anti-chars. Les brigades Azeddine El Qassam, la branche armée du Hamas, ont annoncé avoir tué au moins 33 soldats israéliens. Le chiffre est contesté par l'armée israélienne qui maintient étrangement le même chiffre qu'il y a une dizaine de jours, à savoir dix soldats tués et 3 autres civils qui ont péri lors des attaques à la roquette au sud d'Israël, essentiellement à Sderot. Outre les attaques contre des cibles au centre-ville de Ghaza, notamment l'Hôtel de ville, transformé en siège d'une association, l'armée israélienne a abondamment attaqué la région frontalière de Rafah qui abrite plusieurs tunnels servant, selon les responsables sionistes, de passage à des armes destinées à la résistance palestinienne. Les chiffres des victimes ne sont pas communiqués dans cette région, même si plusieurs agences de presse parlent de saturation des hôpitaux du sud, notamment ceux de Khan Younès. C'est justement sur ce terrain humanitaire qu'éclate une grande polémique entre Israël et plusieurs organisations humanitaires, ces dernières accusant l'Etat hébreu d'utiliser des armes interdites et d'empêcher le travail des organisations humanitaires. En effet, en plus des bombes contenant du phosphore blanc que l'armée israélienne utilise dans plusieurs quartiers de la ville de Ghaza atteignant gravement des civils, d'autres armes sont apparemment expérimentées par l'armée israélienne. Il s'agit de nouvelles bombes à fragmentation contenant un métal explosif qui cause des mutilations graves aux personnes atteintes. C'est une révélation faite par des médecins norvégiens, travaillant pour une organisation humanitaire, qui dénoncent ces pratiques, bien sûr niées par les Israéliens. Israël «fait usage d'une autre arme, appelée DIME [Dense Inert Metal Explosive] qui n'est autre qu'une bombe nucléaire à dimension réduite [125 gr] composée d'un alliage de tungstène et de métaux lourds [cobalt, nickel, chrome…]», a souligné un médecin palestinien cité par des agences de presse, ajoutant que «l'explosion de cette bombe libère dans l'air une poudre incandescente qui provoque d'innombrables lésions et blessures». Cela se passe au moment où la population de Ghaza vit une situation humanitaire des plus critiques, malgré l'envoi de grandes quantités d'aides par plusieurs pays et organisations internationales. En plus du manque de médicaments et de la saturation des hôpitaux par le nombre interminable de victimes, les Ghazaouis manquent presque de tout : de l'électricité et de l'eau jusqu'aux produits alimentaires de première nécessité. Sur le plan diplomatique, par contre, une lueur d'espoir commence à se faire voir, puisque des sources égyptiennes, confirmées par les ministres des Affaires étrangères de la France et de l'Espagne, parlent de l'acceptation de l'accord de cessez-le-feu proposé par l'Egypte qui a déjà envoyé un émissaire en Israël. Ce dernier acceptera-t-il l'accord ? C'est ce que fixeront les prochaines heures, même si le discours des responsables sionistes va plutôt vers la poursuite des agressions. A. B.