À une époque où la notoriété est mesurée à l'aune des performances dans les rendez-vous de prestige, nos représentants peinent à se faire une place dans le gotha continental. En football surtout, les échecs se répètent année après année. Le constat est le même. Quand on n'avance pas on stagne ou on recule. Depuis une bonne vingtaine d'années, les clubs algériens n'ont plus leur mot à dire dans les messes continentales. Dépassés, corrigés, laminés... (les adjectifs ne manquent pas), nos représentants tombent comme des mouches en Ligue Des Champions africaine ou en Coupe de la CAF. Malgré la bonne performance de l'ES Sétif et cette qualification pour le dernier tour de la C1, le gros revers qu'a subi récemment le CS Constantine en Côte d'Ivoire est venu nous rappeler la triste réalité. Cela fait plus de vingt-quatre ans qu'un sigle de l'Algérie du football n'a pas remporté la LDC. Il faut remonter à l'édition de 1990 pour retrouver la dernière grosse performance algérienne. La JS Kabylie, sacrée en 1981 aussi, était revenue de la Zambie avec le plus prisé des trophées face au Nkana Red Devils (1-0 / 0-1 /5 tab3). Depuis, c'est le néant en C1. Cette même équipe sauvera ce qu'il reste de l'honneur de la balle ronde nationale avec un retentissant triplé en Coupe de la CAF en début du nouveau millénaire. 2000, 2001 et 2002, trois éditions de la C3 africaine où les Canaris ont écrit l'une des plus belles pages (qui sont rares) du sport roi. S'en suivront des années de disette. Un tunnel sombre et une lueur qui s'est éteinte au fil des années. L'incompétence, le bricolage et les objectifs faciles et à court terme ont primé. Aujourd'hui, se battre pour une place au sommet de la hiérarchie africaine n'est plus le but. Jouer les petits rôles. Rester là, cloitré chez soi et scotché devant son poste TV à regarder Al- Ahly (Egypte), l'Espérance de Tunis, le Wydad et le Raja de Casablanca donner un peu plus de forme à leur notoriété. tre les dignes ambassadeurs d'un football en constante progression chez nos voisins sans parler de la domination sans faille du club Cairote. Monstrueuse est l'équipe Ahlawie qui vient d'être précocement éliminée par le surprenant Ahly de Benghazi (Libye), pour cette édition et ne défendra donc pas son acquis. Entre-temps, le football de la République Démocratique du Congo s'est révolté en plaçant deux clubs dans la phase de poules : l'habituelle TP Mazembé et l'AS Vita Club le petit nouveau parmi les ténors. Un nivellement des forces, voire un chamboulement dans la hiérarchie qui ne concerne pas l'Algérie. Seule l'ES Sétif aura à porter le drapeau algérien et un flambeau en voie d'extinction. Les éditions se suivent et se ressemblent Ancienne formule, anciennes performances. Le MC Alger en 1976 et l'ES Sétif en 1988, des sacres bien lointains qui viennent rappeler que l'Algérie n'a pas pu suivre le changement qui s'est opéré au niveau du football continental. Que ce soit dans la mentalité, la gestion ou la qualité, les responsables semblent dépassés par cette «révolution». Un combat mal engagé et un défi très difficile à relever. Du mal à progresser. Du mal à rivaliser. On s'avoue même vaincus d'avance dans certains cas. Si la formule et l'appellation a changé en 1997, passant de la Coupe d'Afrique des Clubs Champions à la Ligue des Champions de la CAF, notre football semble avoir arrêté sa progression en fin du dernier siècle. Dernièrement, la Fédération algérienne de football (FAF) a proposé aux clubs algériens concernés par la LDC et la Coupe de la Confédération de renoncer à y participer. L'instance footballistique a émis, via son président Mohamed Raouraoua, le souhait de voir les clubs algériens faire l'impasse sur ces compétitions pour deux ou trois saisons, le temps de se restructurer et se redresser sur le plan économique. D'un côté, sur le plan financier, la proposition de la FAF semble intéressante pour qu'elle puisse remettre un peu d'ordre au niveau d'une gestion qui laisse vraiment à désirer. Ces tournois sont exigeants en matière de dépenses comme ne cesse de le marteler Mohamed Raouraoua : «Le niveau de nos clubs ne leur permet même pas d'atteindre la phase de poules des compétitions africaines. Et quand on quitte ces épreuves dès les premiers tours, on sort davantage fragilisés sur le plan financier.» Un constat avéré si on calcule les dépenses en matière de transports notamment. Un appel qui a trouvé les oreilles attentives de l'USM Alger et l'USM El-Harrach, qui devaient participer respectivement à la Ligue des champions et la Coupe de la Confédération. Cependant, l'ES Sétif et le CS Constantine ont décidé d'honorer leurs participations avec des fortunes diverses. Une décision qui avait fait réagir le patron du siège de Dely Brahim qui a souligné que «L'ES Sétif, qui tient à sa participation à la Ligue des champions n'a pas payé les salaires de certains de ses joueurs depuis 5 mois. Malgré cela, ses dirigeants campent sur leur décision de jouer l'épreuve continentale.» La crise financière a eu des répercussions sur le parcours en championnat certes, mais les Sétifiens ont pu se frayer un chemin à partir du Cameroun face au Coton Sport pour s'inviter parmi les 8 meilleurs clubs du continent. En revanche, les Constantinois ont donné raison au «numéro 1» de la FAF qui avait «prédit» l'échec, (mais pas la déculotté, 6-0), du match retour face à l'ASEC Mimosa) à Abidjan : «Le CSC pourra compter sur Tassili Airlines qui s'est engagée à mettre un avion à la disposition de l'équipe lors de ses voyages africains, ce qui allègera les dépenses de transport, mais je ne pense pas que ses résultats seront probants.» À croire que la campagne était vouée à l'échec. Raouraoua a eu le nez creux pour flairer la débâcle. Prendre le temps de revoir les plans Pour qu'un club gagne en prestige, il doit répondre à certaines normes et avec une direction professionnelle. Les clubs qui font office de favoris dans ce type de tournois évoluent tous dans des championnats professionnels... à une différence près. Rien, absolument rien n'est laissé au hasard comme le prouve ces exemples en la matière : Al-Ahly d'Egypte et l'Espérance de Tunis. Centres de formation, équipementiers de qualité, marketing et produits dérivés, tout est méticuleusement étudié. La professionnalisation n'est pas juste un nom. Creux. C'est une vérité et elle est appliquée en bonne et due forme. Les bases sont tellement solides que ces clubs, malgré la situation qui régnait l'an dernier dans leurs pays, ont réussi à tenir leur rang et assumer un statut de favoris à chaque édition. La restructuration s'impose plus que jamais afin d'aider notre football à se remettre sur ses jambes. À ce niveau, tout va très vite et l'avancée se fait à pas de géant. Reconstruire, et vite, le royaume et ne pas confondre rapidité et précipitation. En attendant que l'Entente connaisse ses adversaires (le tirage se fera le 29 avril prochain), le premier constat confirme le malaise qui perdure lorsqu'il s'agit des performances à l'échelle continentale. Cette bouffée d'oxygène ne devrait pas suffire pour maintenir le sport roi en vie. Dans un état végétatif, il risque de s'enfoncer un peu plus sous les débandades successives. L'entêtement et l'irresponsabilité peuvent pousser à jouer avec le prestige. Or le prestige on cherche à le gagner et non à le perdre. Pour ce faire, il faudra peut-être reculer pour mieux sauter. Ça reste, en tout cas, mieux qu'un saut dans l'inconnu. M. T.