Quand le taux sanguin d'hémoglobine est bas, on parle irrémédiablement d'anémie. Provoquée par un manque de fer –dans 90% des cas- elle entraîne des troubles majeurs. C'est donc une véritable maladie à prendre au sérieux. Elle doit être prévenue chez les personnes à risque et traitée dès qu'elle est diagnostiquée. La carence en fer prolongée peut ainsi entraîner des troubles fatals pour l'organisme, aussi bien chez l'enfant que chez l'adulte. Les femmes enceintes ou en âge de procréer sont toutefois les plus touchées (apport alimentaire insuffisant, besoins accrus, pertes sanguines excessives...). Les signes de l'anémie sont peu spécifiques. Les symptômes apparaissent souvent graduellement. Une pâleur de la peau et des conjonctives, une simple sensation de fatigue ou d'essoufflement, une accélération du pouls, voire des palpitations peuvent nous alerter sur une carence en fer. Parmi les signes qui doivent inquiéter, une augmentation inexpliquée de la fréquence des infections, l'apparition de fissures au coin des lèvres et une dégradation des ongles et des cheveux, qui deviennent fragiles et cassants. Un enfant présentera des défauts d'attention, une plus grande fatigabilité, ainsi qu'une diminution de la résistance physique. En revanche, pour l'adulte, les signes les plus évidents se traduiront par une baisse de la résistance à la fatigue et de la puissance de travail. La femme enceinte constitue à elle seule un cas particulier. L'anémie en cours de grossesse entraîne un risque accru de faible poids de naissance pour le nouveau-né. Selon le docteur Houria Zeggane, service de gynécologie obstétrique au CHU Parnet, la femme enceinte est particulièrement exposée à l'anémie. En effet, le fait d'être enceinte change beaucoup les besoins quotidiens en nutriments de toutes sortes puisque le bébé, en formation, puise ce dont il a besoin dans les réserves de sa maman. Du coup, l'anémie et la carence en fer sont assez fréquentes pendant la grossesse. Des concentrations sous 8 g/100 ml peuvent causer de graves complications pour la santé. Notre corps a besoin de 1 à 4 mg de fer par jour et une bonne alimentation en procure en moyenne de 10 à 20 mg par jour, qui seront absorbés dans une proportion de 5 à 10%, ce qui suffit à combler les besoins. Durant la grossesse, les besoins quotidiens en fer augmentent substantiellement : 5 mg de plus par jour au cours du deuxième trimestre et 10 mg de plus au cours du troisième. «La femme perd un demi-litre de sang lors de l'accouchement», indique le docteur Zeggane. Ainsi, pour la femme enceinte l'anémie est fréquente et porteuse de risques graves pour la mère et le fœtus. Un bilan biologique à la recherche d'une carence ou d'une anémie ferriprive est donc vivement conseillé avant la fin du troisième mois de grossesse. Pour le docteur Zeggane, «dès le premier trimestre de la grossesse, un traitement par supplémentation en fer et en folates est nécessaire». Une alimentation équilibrée qui permette de couvrir les besoins énergétiques d'une femme enceinte est indispensable. Car les carences en fer, en acide folique et en certaines vitamines B 12 peuvent être fatales pour la femme enceinte et son bébé. En effet, la présence d'anémie pendant la grossesse entraîne une augmentation de la morbidité et de la mortalité. Au moment de l'accouchement, il existe une mauvaise tolérance à l'hémorragie de la délivrance, et éventuellement à la césarienne. Qu'il s'agisse de la femme enceinte ou de tout sujet anémique, les spécialistes insistent longuement sur la nécessité de corriger l'anémie en reconstituant les réserves en fer par un régime alimentaire riche et équilibré. Car les répercussions de la maladie sont énormes sur la qualité de vie : fatigue, frilosité, tachycardie ou essoufflement à l'effort, souffle cardiaque, maux de tête et bourdonnements d'oreille, perte de la libido, troubles de la mémoire et des processus décisionnels… Les aliments les plus riches en fer sont les viandes, les volailles et le poisson. Les légumes sont également préconisés car ils contiennent du fer, mais en quantité moindre, et seulement 1 à 10% des quantités ingérées sont absorbées. A la différence de celui qui est apporté par les produits carnés, le fer des légumes voit son absorption largement influencée par les aliments auxquels il est associé : son assimilation est facilitée par la vitamine C, mais réduite par la prise conjointe de thé ou de café. Dans l'ensemble et compte tenu que plus de la moitié du fer nous est apportée par les aliments carnés, un régime exclusivement végétarien risque d'entraîner une couverture insuffisante des besoins. Pour les cas plus graves, il est nécessaire de prendre du fer sous forme de médicament pour un traitement de trois à six mois. A. B.