La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, prendra part à la cérémonie d'investiture du président Bouteflika. Cette décision, prise lors d'une réunion du bureau politique du parti, est la conséquence du constat de satisfaction fait par le parti de sa participation à l'élection présidentielle du 17 avril dernier. Lors d'une conférence de presse, hier, qui a fait suite à cette réunion de l'instance du parti dédiée au bilan de la campagne électorale, Louisa Hanoune a expliqué que cette campagne était «très intense et homogène», et «exemplaire à tous points de vues», que cela soit sur le plan de l'éthique, l'homogénéité ou la force de conviction de ses militants. Elle a estimé, également, que la campagne menée par le PT «a pesé positivement» et «aidé le peuple algérien à définir ses priorités». Elle en veut pour preuve que le directeur de campagne de Bouteflika, Abdelmalek Sellal, s'est positionné en faveur de la deuxième République et pour le renouveau politique, et que ses idées ont été reprises par d'autres candidats. En abordant les résultats de la dernière élection présidentielle, le PT fait le constat selon lequel il s'agit d'«un vote refuge, résidentiel et défensif», a indiqué Louisa Hanoune, qui précise que les Algériens ont voté pour la stabilité. En revanche, le taux d'abstention enregistré, selon elle, exprime des aspirations politiques. Elle soulignera que les Algériens qui n'ont pas voté se sont comportés sagement, et surtout «fermé la porte devant les scenarios à l'ivoirienne, et devant la régression à droite». Pour ces derniers, la secrétaire générale du PT estime que «ceux qui n'ont pas participé à ce scrutin n'ont laissé aucune marge de manœuvre. Les résultats étaient tranchés». Durant toute l'opération électorale, les observateurs du parti n'ont pas décelé de fraude massive, hormis quelques cas de bourrage des urnes, à Mostaganem notamment, de la part des représentants de deux candidats, mais c'était des comportements isolés et de l'excès de zèle, a-t-elle affirmé. En ajoutant que, l'organisation tranchait avec celle des scrutins organisée depuis 1995, elle a estimé que «s'il y avait fraude massive et si les deux candidats en avaient les preuves, ils ne se seraient pas tus, et nous serions déjà plongés dans la tourmente et ouvert la porte à l'ingérence étrangère». Aussi, si l'Algérie a pu éviter le printemps arabe et réalisé une avancée démocratique, c'est parce qu'elle «n'est pas dans une situation révolutionnaire, ni prérévolutionnaire», expliquant que la majorité des revendications expriment des besoins socioéconomiques, auxquels l'Etat a répondu en partie, notamment concernant le logement et l'emploi. Pour elle le contenu social a fait que notre pays n'a pas atteint le seuil de rupture. Cependant, «aujourd'hui nous sommes toujours dans une période charnière», a-t-elle observé, avant d'avertir que s'«il n'y aura pas de réponses audacieuses de la part du président de la République sur les plans économique, social et culturel, les 8 millions qui lui ont donné leurs voix, peuvent se retourner contre lui». Car, dit-elle, «il y a toujours des précarités sur divers plans, notamment la flexibilité de l'emploi, avec les CDD et autres.» Selon Louisa Hanoune, il est urgent d'élaborer une politique sociale et salariale en vue de se débarrasser des conséquences du plan d'ajustement structurel, et de donner la priorité à la résolution de la crise de Ghardaïa, pour mettre la lumière sur les responsabilités et amorcer un plan de développement de cette wilaya, parce qu'il y va de l'unité nationale. Pour en revenir aux résultats du scrutin du 17 avril, elle a considéré que le peuple algérien n'a pas adopté la proposition d'une période de transition, car «appeler à une période de transition équivaut à confisquer la volonté du peuple». Et si le peuple a montré son degré de maturité, en faisant échec aux complots qui se tramaient de l'extérieur comme de l'intérieur, la conférencière a estimé que ces acquis doivent être irréversibles. Elle considère que le répit est momentané au regard des attentes et du contexte régional et international. Donc, il s'agit d'exploiter ce répit pour consolider l'immunité de la nation. La secrétaire générale du PT a appelé à donner la priorité à une réforme constitutionnelle pour redonner la parole au peuple, et à organiser des élections législatives anticipées car, juge-t-elle, «le Parlement actuel est inapte à mener une telle réforme». D'autant plus, a-t-elle dit, que «ce Parlement a vidé de leurs contenus les lois portant les réformes du président de la République». D'autre part, «le renouveau politique dont a parlé Sellal suppose de redonner la parole au peuple» et de constitutionnaliser l'interdiction du nomadisme politique, empêcher l'intrusion de l'argent sale dans la politique et redonner son sens à l'immunité parlementaire. «La poursuite du statu quo serait mortelle pour le pays», a-t-elle affirmé en conclusion, avant de faire état de son intention d'adresser un message en ce sens au président de la République. A. R.