Les Etats-Unis et l'Union européenne ont décidé de franchir une nouvelle étape en élargissant leur arsenal de sanctions économiques et diplomatiques contre la Russie, en raison de son présumé soutien, voire son implication dans la déstabilisation de l'Ukraine, en crise politique depuis quatre mois. Washington et Bruxelles ont procédé en effet à la publication d'une nouvelle liste de responsables politiques et militaires russes interdits de visas et dont les avoirs à l'étranger seront gelés. Ces personnalités, sont considérées comme proches du président Vladimir Poutine que les Occidentaux tentent d'isoler sur la scène internationale pour diminuer de l'influence grandissante de la Russie, depuis quelques années. Alors que les Etats-Unis ont mis sur la liste noire sept responsables militaires et 17 entreprises russes, du côté de l'Union européenne, Bruxelles a publié hier une longue liste comprenant le chef d'état-major de l'armée russe, le responsable des renseignements militaires et d'autres personnalités accusées d'être directement impliquées dans le déclenchement des violences armées à l'est pro-russe de l'Ukraine, et dans le rattachement de la Crimée à Moscou. Les sanctions occidentales contre la Russie portent aussi sur la coopération militaire et la Défense. Washington a annoncé en effet qu'elle allait revoir les conditions d'autorisation à l'exportation en Russie de certains équipements de haute technologie qui pourraient avoir un usage militaire, a indiqué la Maison-Blanche. Des sources diplomatiques affirment que la liste des personnalités sanctionnées par Washington et Bruxelles viserait plus d'une cinquantaine de personnes. D'anciens hauts responsables ukrainiens, appartenant à l'ancien régime du président déchu Viktor Ianoukouvitch, sont aussi concernés par ces sanctions. La liste pourrait s'allonger si la crise s'aggravait, affirment les mêmes sources qui expliquent qu'il s'agit d'une procédure visant à convaincre la Russie de renoncer à toute idée d'invasion de l'Ukraine ou d'annexion de nouvelles régions, notamment celles de l'est où des violences ont cours actuellement. Les violences des pro-russes sont imputées au Kremlin, accusé de faire imploser l'Ukraine et d'annexer d'autres parties de son territoire après avoir réussi à faire revenir la péninsule de la Crimée dans le giron de la grande Fédération de Russie depuis fin janvier. Une accusation dont se défend Moscou, qui a dénoncé hier les nouvelles sanctions qu'elle considère comme néfastes pour tout le monde. Les Occidentaux estiment à près de 40 000 le nombre de soldats russes massés dans la zone frontalière depuis plusieurs semaines. Pour Washington et Bruxelles, la présence de ces soldats est une preuve de la volonté russe à envahir l'Ukraine. Réagissant à ces déclarations et sanctions, les autorités russes ont estimé que celles-ci mèneront Kiev à l'impasse. «Il s'agit d'une mesure (...) absolument contreproductive qui ne fait que pousser vers l'impasse la situation déjà critique en Ukraine. Au lieu de cela, il faut entreprendre des efforts collectifs pour persuader les autorités de Kiev d'entamer un dialogue réel avec les régions ukrainiennes et de mettre un terme à toutes sortes d'opérations spéciales (...) contre leur propre peuple», a indiqué le vice-ministre russe des Affaires étrangères Grigori Karassine, cité par Ria Novosti. Au milieu de l'après-midi, le ministre des Affaires étrangères russe, Serguei Lavrov, a considéré que l'offensive diplomatique occidentale contre son pays «contraire au bon sens», a indiqué la presse russe. Les Russes parlent carrément du retour du «rideau de fer», qui nous rappelle les longues années de la Guerre Froide. Parallèlement, ce face-à-face diplomatique a fait flamber les prix du pétrole dans les Bourses mondiales. L. M./Agences.