La crise financière s'est propagée à grande vitesse et commence à peser lourd sur le marché financier européen. La crise touche désormais le cœur de l'Europe où de nombreuses banques sont menacées de faillite. Face à cette situation, les tentatives de sauvetage se sont accentuées hier à travers les pays européens. Dans ce cadre, la Banque centrale européenne (BCE) a alloué hier 120 milliards d'euros aux banques de la zone euro à travers une opération spéciale de refinancement visant à soulager les tensions sur les marchés monétaires. Cette opération sera réalisée aujourd'hui pour arriver à échéance le 7 novembre prochain. «La BCE va continuer à piloter les liquidités vers des conditions équilibrées, conformément à l'objectif de la BCE de maintenir les taux à très court terme proches du taux de refinancement minimum», actuellement à 4,25%, a précisé la BCE dans un communiqué repris par les agences. A noter que la décision de la BCE d'injecter les 120 milliards de dollars est intervenue au moment où des opérations de nationalisation des banques et de rachat d'actifs sont annoncées un peu partout à travers l'Europe. Après le bancassureur néerlandais Fortis, la banque britannique Bradford and Bingley va également être nationalisée, alors que l'allemande HypoReal Estate a évité la faillite grâce à une ligne de crédit d'un consortium de banques allemandes. Par ailleurs, la banque franco-belge Dexia, dont la santé financière suscite des inquiétudes, devait tenir hier un conseil d'administration exceptionnel pour «faire le point sur la situation financière internationale», a indiqué un porte-parole de l'établissement. A noter dans ce sillage la disponibilité de l'Etat belge de soutenir cette banque comme elle l'a fait avec Fortis, en cas de difficulté, a indiqué hier le ministre belge des Finances Didier Reynders, alors que le cours en Bourse de Dexia chutait de plus de 29%. La banque britannique Bradford and Bingley va être nationalisée. Au Royaume-Uni, c'est la quatrième institution qui se retrouve le dos au mur cette année, après Northern Rock, Alliance et Leicester et HBOS, qui va être achetée par sa rivale Lloyds TSB. L'Union européenne a pour sa part donné le feu vert pour la nationalisation partielle de Fortis en apportant 11,2 milliards d'euros. Au Danemark, la banque Roskilde Bank a été rachetée par trois instituts financiers et Bonus Bank par Vestjysk Bank qui fusionne avec un autre institut régional. La banque allemande Hypo Real Estate (HRE) a décroché in extremis une ligne de crédit de «plusieurs milliards d'euros» auprès d'un consortium de banques allemandes qui lui permet d'éviter la faillite. «Nous savons que nous devrions éviter l'effondrement du secteur financier américain mais ce qui nous préoccupe maintenant, ce sont les mauvaises nouvelles qui nous parviennent d'autres régions» du monde, a déclaré Motomi Hiratsuka, un opérateur chez BNP Paribas cité par les agences. En France, une réunion est attendue aujourd'hui à l'Elysée entre Nicolas Sarkozy et les dirigeants des principales banques et compagnies d'assurances françaises afin de faire le point sur leur situation en pleine crise financière internationale. A cette agitation qui s'est emparée des grands décideurs, les trois principales places boursières européennes, Paris, Londres et Francfort, évoluaient en forte baisse hier. A 07h55 GMT, le Footsie cédait 2,22% à Londres, le Dax abandonnait 2,31% à Francfort et le CAC 40 lâchait 3,11% à Paris. Les valeurs bancaires étaient très chahutées. Vers 07h50 GMT, Hypo Real Estate (HRE) dégringolait de 58,86% à 5,55 euros à Francfort. En Asie, les Bourses étaient circonspectes sur l'efficacité du plan américain pour enrayer la pire crise financière depuis les années 1930. La Bourse de Tokyo a perdu 1,26% et celle de Hong Kong 4,3%. S. I.