De notre envoyé spécial à Doha Abdelkrim Ghezali Quand on veut faire feu de tout bois, on peut, surtout en politique dont la matière est d'une élasticité déconcertante. Au-delà des ambitions de leadership de l'émir du Qatar -ce qui est d'ailleurs légitime puisque l'Egypte et l'Arabie saoudite se sont autoproclamées tutrices des Palestiniens- l'enjeu du sommet de Doha est de loin plus important que celui du Koweït et celui, improvisé, de Riyad, qui a regroupé jeudi dernier les chefs d'Etat du CCG pour inscrire la question palestinienne et l'agression contre Ghaza comme un point divers en marge d'un sommet qui n'a aucune urgence ni aucun effet dans le contexte moyen-oriental et arabe de l'heure. Mahmoud Abbas avait pourtant confirmé sa participation au sommet de Doha. A la dernière minute et après le sommet du CCG de Riyad, il a changé d'avis, laissant le terrain libre à Khaled Mechaal qui a parlé comme le porte-parole de la résistance palestinienne puisqu'il a été mandaté par toutes les factions qui sont dans le brasier de Ghaza face à la machine de guerre sioniste. En effet, Mechaal a tenu un discours réaliste, pragmatique mais ferme. Sans triomphalisme aucun, le chef de Hamas a tenu un discours unitaire, demandant au sommet de Doha d'adopter les propositions de la résistance palestinienne avec toutes ses factions comme document de travail, et a demandé un parrainage arabe à une réconciliation et une réunion palestiniennes pour réaliser l'unité des rangs. Sur ce registre, Mechaal est apparu plus unitaire que Abbas qui a préféré se ranger derrière les positions égyptienne et saoudienne d'inspiration française et américaine alors que le plan proposé est rejeté par Hamas et la résistance. Ainsi, Abbas a compromis par ses choix son avenir politique et a perdu son aura de leader national face à une nouvelle génération qui a dépassé les accords d'Oslo et ne se fait plus d'illusion sur une paix avec Israël, et ce, y compris au sein du Fatah qui semble commencer à détourner les yeux de sa vieille garde pour s'intéresser aux plus radicaux, notamment ceux qui se sont impliqués dans les luttes sur le terrain aussi bien à Ghaza qu'en Cisjordanie. L'appel, lancé par Marwane Barghouti depuis sa cellule dans les geôles israéliennes, a quelque peu dopé le Fatah et les brigades d'El Aqsa et a redonné l'espoir aux militants du Fatah pour continuer à jouer un rôle sur la scène palestinienne après avoir été anesthésié par Mahmoud Abbas qui fait tout pour faire plaisir à Washington. Abbas s'est exclu donc de la scène en continuant à s'accrocher aux chimères des négociations avec Israël à Annapolis et à l'initiative de paix arabe de 2002 qui est déjà enterrée par l'agression israélienne. Le sommet de Doha aura donc été comme celui de Damas, un sommet tentant de répondre aux attentes de la rue arabe qui rejette toute compromission sur le dos des Palestiniens. A. G. Le sommet extraordinaire sur Ghaza à Doha 1- Condamne Israël pour son agression barbare contre Ghaza et sa poursuite 2- Demande à Israël l'arrêt immédiat de toute forme d'agression contre Ghaza et le retrait immédiat, inconditionnel et total de ses forces d'occupation 3- Considère Israël responsable pénalement devant la communauté internationale pour crime commis et pour génocide et responsable civilement,d'où la nécessité de compenser les pertes subies 4- Insiste sur l'ouverture immédiate et permanente de tous les passages 5- Insiste sur la nécessité de lever le blocus illégitime sur Ghaza et de mettre fin à toutes les entraves sur le mouvement des personnes, des capitaux et des biens et l'ouverture de l'aéroport et du port de Ghaza. 6- Appelle tous les pays à fournir à Ghaza l'aide humanitaire urgente 7- Appelle à la création d'un fonds pour la reconstruction de Ghaza 8- Appelle toutes les parties palestiniennes à la concorde et à réaliser la réconciliation nationale palestinienne 9- Appelle les pays arabes à suspendre l'initiative arabe de paix de 2002 et arrêter toute forme de normalisation