Les Israéliens, qui aiment tant les symboles religieux, vont devoir trouver un nouveau sens au combat asymétrique de David contre Goliath. Eux, qui ont lancé l'opération «Plomb Durci» au cours de la fête de la Hanoukka célébrant le «miracle de l'huile», vont finir par apprendre deux ou trois petites choses. D'abord, réaliser que le miracle militaire n'a pas eu lieu. Ensuite, que David n'est plus israélien mais palestinien… depuis 1948. En même temps, que Goliath a toujours été israélien, encore plus depuis trois semaines de déluge de fer, de feu et de chimie maléfique sur Ghaza. Les apôtres du pire dans le gouvernement, l'armée et les services secrets finiront bien par admettre que «Plomb Durci» a beaucoup de plomb dans l'aile. Mieux encore, qu'ils sont dans l'impasse, leur plan n'ayant réalisé à ce jour aucun des objectifs tactiques et stratégiques assignés. L'évidence est là. Malgré la mort d'un dirigeant de premier rang, la direction du mouvement Hamas n'a pas été décapitée. La menace constituée par les jets de roquettes sur les territoires israéliens n'a pas été jugulée, non plus. Et, en dépit des destructions massives de bâtiments et le massacre de civils, le potentiel militaire de la résistance palestinienne a à peine été entamé. De plus, effets contre-productifs pour les Israéliens, bénéfiques pour les Palestiniens, la résistance est désormais un bloc. Elle est constituée par les unités de Hamas, les Brigades Abou Ali Mustapha du FPLP et les Brigades Al Qods du Djihad islamique. Dans l'espoir de l'anéantir, l'armée israélienne a pourtant déployé une puissance de feu inouïe. Servie par 5 brigades, dont deux de blindés Merkava, de l'infanterie mécanisée, une soixantaine de bombardiers et des hélicoptères d'assaut Apache et Cobra dotés de leurres thermiques. Egalement, des drones, de l'artillerie terrestre et de marine, ainsi que le meilleur des unités d'élites, dont des parachutistes et des commandos spéciaux de l'armée de terre et des forces navales. Sans compter, bien sûr, l'usage intolérable de phosphore blanc et de bombes perforeuses, un «must» de la technologie de la mort high-tech américaine. Tapis de bombes, tirs de missiles guidés, raids éclairs de colonnes de Merkava 3 et 4, incursions régulières de forces spéciales de reconnaissance offensive et de commandos de chasse : à J+22, tout, absolument tout, a été tenté. Mais les unités blindées et d'infanterie mécanisée sont au final assez peu mobiles en zones très urbanisée, surtout face à des troupes palestiniennes à grande mobilité. A l'opposé, les paras israéliens peinent toujours à progresser. Et lorsqu'ils avancent de quelques centaines de mètres à l'intérieur de la ville, ils ne parviennent pas à tenir le terrain. Il y a un fait que les zones occupées par l'armée dans la périphérie urbaine ne sont pas pour autant sécurisées. Jusqu'ici, la soldatesque israélienne a évité soigneusement la guerre de positions. Si elle lançait la troisième phase de «Plomb Durci», elle ne pourrait pas alors se dérober à celle de harcèlement que les Palestiniens cherchent à lui imposer. Et, dans la véritable termitière de défense qu'est devenue Ghaza, les combattants de la dignité palestinienne attendent les Israéliens de pied ferme et le cœur bien accroché. Avec en outre des arguments militaires qui tonnent comme des roquettes Grad ou des missiles AT-4 Spigot-9K111 Fagot filoguidés. Après trois semaines de guerre, les combats sont montés à un tel niveau d'intensité que des voix discordantes se font désormais entendre au sein du gouvernement israélien. On ne se crêpe pas encore le chignon mais Ehud Olmert, Ehud Barak et Tzipi Livni n'ont plus la même vision de l'avenir de «Plomb Durci». Le ministre de la Défense, qui a préconisé un «cessez-le-feu humanitaire», a même suggéré de ne pas appliquer la troisième phase du plan, synonyme d'enlisement et de pertes humaines plus importantes. Certainement, d'un effet désastreux sur l'opinion israélienne à la veille des décisives élections législatives du 10 février. On ne serait donc pas loin d'une seconde Berezina militaire et politique après l'échec monumental de 2006 au Liban-Sud. N. K.