La nouvelle ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghabrit-Remaoun, plutôt son nom de jeune fille, suscite de vives réactions sur le net, particulièrement sur le réseau social Facebook. Elle serait juive et certains vont jusqu'à accuser le grand-père de la nouvelle ministre d'avoir été un «agent» de la France. Il est vrai que la dame, qui n'a jamais occupé un poste politique auparavant ni milité dans un quelconque circuit politique, du moins officiellement, dispose d'un bagage intellectuel assez lourd. Elle a été directrice du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran de 1992 jusqu'à sa nomination à la tête du département ministériel. Titulaire d'un diplôme d'études approfondies (DEA) en sociologie de l'éducation à l'université d'Oran (1977) et d'un doctorat, toujours dans le même domaine d'études, délivré par l'université de Paris (1982), elle s'est particulièrement spécialisée et chargée de tout qui est «éducation». Ce n'est pas une femme politique, c'est plutôt une technocrate, le domaine et les enjeux de l'éducation sont loin d'être un secret pour elle. De 2003 à 2006, elle a présidé le Comité arabe de l'Unesco pour l'enseignement supérieur. Ses «origines juives» ont toutefois suscité un certain rejet et dénégation. Mais s'il y a lieu de choisir entre elle et celle qui était l'épouse d'El Qaradaoui, en l'occurrence la députée Asma Benkada, que le FLN voulait imposer dans le gouvernement du quatrième mandat, beaucoup diront oui pour «la juive». Après tout, beaucoup de juifs ont sacrifié leur vie pour une Algérie indépendante, soutiennent-ils sur la toile, et Mme Benghabrit semble avoir l'étoffe d'un bon responsable. Un bon «manager». Non pour les «desseins impérialistes» que redoutent certains, mais simplement remettre l'école algérienne sur les rails. Une école qui demeure sinistrée malgré les réformes, plutôt les réformettes, nombreuses et confuses, qui lui ont davantage portée préjudice qu'elles l'ont servie. De cette «éducatrice», «mère de famille», «sociologue», il est surtout attendu d'aplanir les différends entre l'administration centrale et les syndicats autonomes, de façon à arriver à mettre les deux parties autour d'une même table et que tous se considèrent comme de véritables partenaires et non pas des adversaires. Il est aussi souhaité la mise en œuvre d'actions concrètes pour amener les parents d'élèves à adhérer davantage aux projets de l'école et que ces derniers s'impliquent aussi dans l'éducation véritable de leurs enfants. Les collectivités locales devraient aussi être de la partie pour de meilleures conditions de scolarité pour les élèves et de travail pour les enseignants. Les trois ou quatre partenaires doivent travailler de concert pour un véritable projet d'école performante qui réponde aux aspirations de tous, loin de toute question et polémique d'ordre idéologique, comme c'était le cas jusqu'à présent. Les deux ministres, Abdelatif Baba Ahmed et Boubekeur Benbouzid, et ceux qui les ont précédés, ont échoué dans leur mission d'éloigner justement l'école du débat idéologique et, pire encore, de lui faire accomplir sa véritable mission. À la nouvelle ministre de travailler de telle sorte qu'il soit possible de sauver ce qui reste de l'enseignement et de la qualité de l'enseignement en Algérie. Tous les partenaires du secteur sont appelés à travailler sur la base d'une feuille de route qui sera acceptée par tous de façon à ce qu'ils puissent regarder ensemble dans la même direction pour atteindre les mêmes objectifs. Des différends et des divergences de points de vue continueront à exister et c'est tant mieux d'ailleurs, la richesse est dans la diversité des idées, mais que cela ne dépasse pas un certain cadre. Il y va de l'avenir de l'école, des enfants et de l'image de toute l'Algérie. En fait, la principale mission de la nouvelle ministre, en collaboration avec ses partenaires, est de revoir, voire redéfinir, la mission de l'école. C'est une lourde tâche, une lourde responsabilité. K. M.