De notre envoyé spécial à Doha Abdelkrim Ghezali Le président égyptien Hosni Moubarak a appelé hier Israël à cesser les combats «immédiatement» et «sans conditions» et à retirer ses troupes de la bande de Ghaza, dans un discours retransmis par la télévision publique. «Je demande à Israël aujourd'hui de mettre fin à ses opérations militaires immédiatement», a-t-il déclaré. «J'appelle ses dirigeants à un cessez-le-feu immédiat sans conditions et je demande le retrait de leurs troupes de la bande» de Ghaza, a-t-il ajouté. M. Moubarak a assuré que l'Egypte poursuivrait ses efforts pour parvenir à une trêve dans la bande de Ghaza après un éventuel cessez-le-feu. «L'Egypte poursuivra ses efforts dès qu'il y aura un cessez-le-feu afin de revenir à la trêve et lever le blocus» imposé à la bande de Ghaza, selon lui. Moubarak a usé d'une manœuvre machiavélique en changeant de discours et en radicalisant ses propos vis-à-vis d'Israël alors qu'il savait que le conseil de sécurité israélien devait se réunir, hier dans la soirée, dans la perspective d'annoncer un cessez-le-feu unilatéral sans pourtant décider d'un calendrier de retrait de la bande de Ghaza. Israël est contraint de mettre un terme à son agression pour plusieurs raisons. En premier lieu, en raison de la farouche résistance qu'il a rencontrée sur le terrain. L'un des objectifs d'Israël était justement d'évaluer les capacités de résistance de Hamas et des autres factions armées palestiniennes à Ghaza. Israël ne pouvait s'enliser dans une guerre d'usure, car ne pouvant faire face à une guérilla urbaine, au risque de subir des pertes énormes. La preuve en est le refus d'Israël d'affronter directement les résistants palestiniens. En second lieu, l'armée israélienne a réussi néanmoins à détruire des passages souterrains entre l'Egypte et Ghaza, affaiblissant ainsi les capacités de la résistance d'acheminer des armes à l'intérieur de la Palestine. En troisième lieu, Israël a réussi à éliminer plusieurs militants et résistants, même si les massacres de civils, notamment les enfants et les femmes, ont complètement occulté les points marqués sur le plan militaire. En quatrième lieu, l'agression contre Ghaza visait à faire pression sur les Etats-Unis, notamment l'administration Bush, pour arracher un accord sécuritaire avant l'installation de Barak à la Maison-Blanche. En cinquième lieu, Washington ne tient pas à vivre l'investiture du nouveau président américain alors que le monde est préoccupé par la tragédie de Ghaza. Enfin, la guerre contre Ghaza visait à redorer le blason de Kadima et du Parti travailliste face au Likoud que tous les sondages donnent favorables aux élections législatives de février prochain. Quant aux dégâts collatéraux qu'Israël prévoyait et considère comme une victoire stratégique de cette guerre barbare, c'est évidemment l'éclatement du camp arabe et son atomisation. Moubarak, qui a joué en solo jusqu'au bout, appelle tardivement Israël à cesser son agression alors que ce dernier a prévu ce timing bien avant le 27 décembre dernier. «Le plus grand pays arabe» ne peut berner le plus petit des pays, encore moins la bande de Ghaza qui a payé de son sang les calculs politiciens de ceux qui dénoncent l'inflation des sommets arabes, en boycottent certains et en convoquent un à Charm Echeikh pour demain.