En 2011, les ministères de l'Education nationale et de la Culture ont signé un accord visant à réintroduire le livre à l'école. Grâce à cet accord, le livre devait retrouver sa place naturelle dans les écoles algériennes à partir de l'année scolaire 2011-2012. Les deux départements ministériels avaient convenu de rendre obligatoire la lecture de quatre livres par année pour chaque écolier. Cette décision prévoyait également d'autres actions visant la promotion et le développement du livre et de la lecture dans les écoles, comme la création de centaines de bibliothèques, l'institution du prix du meilleur lecteur parmi les élèves, ainsi que la création de clubs de lecture et de dictée au sein des établissements scolaires. Plus de trois années après la signature de cet accord, le livre peine toujours à franchir la porte de l'école algérienne restée hermétiquement fermée à la lecture, considérée pourtant comme un outil extraordinaire pour l'éveil des enfants. Aucun responsable au niveau des deux ministères concernés par cet accord n'a pensé donner une explication au retard pris par la mise en œuvre de cette décision que les enseignants et les parents ont accueillie avec satisfaction. La nouvelle ministre de l'Education, prise à partie à peine installée à son poste pour des considérations débiles, aura-t-elle la force de mettre en œuvre cette décision salutaire, en procédant notamment à l'allègement de l'emploi du temps des élèves qui ne devraient pas percevoir la lecture comme une punition ou une séance ennuyeuse ? Mme Nouria Benghebrit-Remaoun devrait éventuellement chercher les raisons à l'origine de ce retard, et notamment s'il n'était pas préférable que le ministère de la Culture ne soit pas associé à cette initiative, le livre et la lecture nécessitant des qualifications en pédagogie inexistantes dans le secteur de Mme Nadia Labidi. «Le livre est trop sérieux pour le confier au secteur de la culture», disent de nombreux enseignants exerçant dans la wilaya de Tizi Ouzou, qui reconnaissent tout de même à ce secteur un rôle important dans l'éveil des enfants, particulièrement dans l'importance de la préservation du patrimoine, mais aussi dans différentes questions qui touchent à la société. Les responsables du secteur de la culture et les animateurs culturels activant au sein des associations ont les moyens de participer à l'éveil des enfants, notamment à travers des activités telles que le théâtre, le conte et le chant entre autres. Des activités porteuses de messages éducatifs qui atteindront positivement les enfants si la transmission est faite par des animateurs dotés de capacités pédagogiques et didactiques. Dans ce sens, plusieurs festivals et autres manifestations culturelles sont très indiqués pour constituer des occasions idéales pour le développement éducatif des enfants à travers des activités récréatives. Les différentes manifestations célébrant le conte, comme le Festival des Raconte-arts de la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques ou bien le Festival des arts du récit et du conte de l'association Le Grain magique, sont des aubaines extraordinaires pour inculquer aux enfants des valeurs culturelles, notamment celles relatives à la préservation du patrimoine. Le Festival des Raconte-arts est une manifestation itinérante et cet aspect peut être saisi comme un instrument d'éveil pour les enfants en faveur du patrimoine des villages et des régions visitées. En outre, le Théâtre régional Kateb-Yacine de la ville des genêts est un lieu tout indiqué pour transmettre ce genre de messages aux enfants par le biais de pièces théâtrales consacrées à des thèmes éducatifs. Il est cependant indéniable que l'école est le lieu où l'éveil des enfants est la mission principale. L'école algérienne a malheureusement abandonné l'aspect culturel de l'éducation des élèves, depuis notamment les années quatre-vingt-dix durant lesquelles tout ce qui est culturel était considéré comme superflu en plein crise sécuritaire et économique. M. B.