La 8e édition du Festival national de musique Diwane, s'est clôturée jeudi passé à Bechar, avec l'annonce du palmarès de cette édition lors d'une cérémonie exceptionnelle. L'association Sidi Blel de Mascara à remporté le 1er prix de la compétition grâce à l'authenticité de sa prestation, qui a revivifié un pan du Diwane de plus en plus rare. À ce propos, le jury, présidé par le chercheur Azeddine Ben Yaâkoub, a déclaré avoir choisi de récompenser les efforts de cette troupe qui a assuré un spectacle riche en couleurs et en authenticité puisé dans le répertoire «Migzawa» que peu de jeunes praticiens maîtrisent et qui reste une spécialité de la région. Quant au second prix de la compétition, il a été décerné à la jeune troupe Jil Saed d'Oran, dont l'âge des membres n'atteint pas trente ans, menée par le mâallem Lahbib. Le 3e prix est revenu à la troupe Noudjoum Ediwan de Sidi Bel Abbès, qui s'était, elle aussi, distinguée par l'interprétation de Bradjs méconnus des jeunes et jamais joués sur scène rapporte l'APS. Les trois lauréats se produiront sur la scène du Festival international de musique Diwane qui devrait se tenir prochainement à Alger. Ainsi, c'est l'authenticité et le travail de recherche qui ont été primés lors de cette 8e édition, avec pour optique de recadrer les troupes qui, souvent, choisissent la facilité du folklore en oubliant les véritables repères séculaires qui font la puissance de cette musique ancestrale qui a su traverser les siècles grâce à la transmission orale des initiées. C'est dans cette esprit de transmission et de la pertinence d'interprétation que le spectacle de la cérémonie de clôture a été marqué par un concert réunissant trois troupes locales de Diwane et leurs trois mâallmine fruit du master-class qui s'est tenu pendant le festival et qui a été présenté au public. Cette cérémonie a également été l'occasion de découvrir la relève avec la montée sur scène de la plus jeune troupe de Diwane de la région de Bechar, menée par le tout jeune Abdelmalek Tifoune, âgé de douze ans, et qui joue déjà du goumbri, accompagné d'enfants âgés de huit à quatorze ans. En marge des soirées artistiques de cette 8e édition, inaugurée le 25 mai passé, marquée par un véritable engouement du grand public, les organisateurs ont concocté un cycle de conférences-débats animés par des académiciens et universitaires. Ainsi, la dimension internationale de l'intérêt qui est en train d'être porté à cette musique séculaire a également été mis en relief à l'occasion de cette 8e édition par la déclaration à l'APS de la musicologue américaine Tamara Turner, qui prépare une thèse de doctorat dédiée à cette expression musicale et chorégraphique ancestrale. Elle a précisé a ce sujet qu'elle a «élaboré un programme de trois années pour effectuer des recherches sur cette musique et chorégraphie, à travers différentes régions d'Algérie, et ce, sous la supervision de l'Université de King's collège à Londres». Tamara Turner a aussi souligné qu'«en Algérie, la musique et la chorégraphie Diwane sont d'un très bon niveau artistique (...). Cette manifestation, est l'un des meilleurs espaces dédiés à la musique Diwane, et constitue un moyen de connaissance académique des rites sacrés et profanes de la musique, et des expressions chorégraphiques de cet art séculaire algérien». Au final, parmi les recommandations du jury, il est souligné que cette manifestation devrait «encourager la recherche scientifique sur ce rituel ainsi que la préservation de ses composantes». L'une des conséquences positives de cette manifestation, au bout de huit ans d'existence, est le fait qu'un grand nombre de formations musicales se soient constituées, motivées par l'intérêt porté au Diwane même dans des régions où le rituel n'a jamais été pratiqué. Malheureusement, faute de moyens et de projections à long terme, aucun suivi n'est accordé aux lauréats en dehors d'une scène à Alger. S. B.