Depuis le début des années 2000, le gouvernement algérien a pris des mesures importantes pour sortir de la situation de pénurie d'eau qui touchait le pays. La question hydraulique a été ainsi placée en priorité sur l'agenda politique et de gros moyens ont été mis en oeuvre pour mobiliser de nouvelles ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles. Cette politique a permis au pays de disposer d'un potentiel hydrique important. En effet, les potentialités hydriques naturelles de l'Algérie sont estimées, aujourd'hui, à 19 milliards de m3 par/an. La nouvelle politique de l'eau s'est ainsi structurée autour de deux axes stratégiques, à savoir le développement de l'infrastructure hydraulique (barrages, transferts, stations de dessalement d'eau de mer, stations d'épuration) et la réforme institutionnelle du secteur de l'eau qui vise à promouvoir une meilleure gestion de la ressource. Si ces initiatives visaient initialement à répondre prioritairement aux usages domestiques, elles entendent, depuis peu, offrir de nouvelles capacités à l'eau agricole. Pour répondre à cette demande croissante, des investissements massifs ont été ainsi engagés et se traduisent par une augmentation du parc de barrages et de retenues collinaires, un recours accru au dessalement d'eau de mer et à la réutilisation des eaux usées. Le parc de barrages revu à la hausse Alors qu'en 1962, il n'existait que treize barrages permettant de stocker 450 millions de m3 d'eau destinée essentiellement à l'irrigation des plaines agricoles de l'ouest du pays, on en dénombre actuellement 70 pour une capacité globale de 7,3 milliards de m3 d'eau. À l'horizon 2016, le nombre de barrages devrait être de 84 (pour une capacité de stockage de 8,4 milliards de m3). Selon le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, «15 nouveaux barrages (pour une capacité de 1,5 milliard de m3) sont prévus dans le programme quinquennal 2015-2019». Quelque 28 sites ont déjà été identifiés pour servir d'assiette à ces infrastructures, souligne t-il. Les barrages, faut-il le signaler, répondent à deux enjeux majeurs auxquels l'Algérie doit faire face : la mobilisation de nouvelles ressources pour l'alimentation en eau potable et industrielle (Aepi) et l'irrigation. L'impératif de recourir au dessalement d'eau de mer L'Etat a également recouru au dessalement d'eau de mer pour alimenter en eau potable des villes et localités du littoral. Le recours aux unités de dessalement permet également de réserver une partie plus importante des eaux de barrages à l'agriculture. L'Algérie compte, en 2013, neuf grandes stations de dessalement en exploitation à même de produire jusqu'à 1,4 million de m3 d'eau dessalée par jour. En complément de ces grandes stations, une vingtaine de stations monoblocs de petite capacité (entre 2 500 et 7 000 m3/j) ont été réalisées, dont certaines ont été délocalisées pour renforcer l'AEP des localités plus déficitaires. Mise en place d'un programme de réutilisation des eaux usées épurées Dans la nouvelle politique de l'eau, il est également inscrit un programme de réutilisation des eaux usées épurées. Etant donnée la situation de stress hydrique, les pouvoirs publics ont ainsi vu dans cette opportunité un moyen de réduire, ou du moins de préserver, les ressources en eaux traditionnelles tout en accroissant la production agricole. L'utilisation des eaux traitées peut bénéficier également aux industries (refroidissement) et au renouvellement des nappes (protection contre l'intrusion des biseaux salés en bord de mer) et permet aussi de lutter contre la pollution des ressources en eau (oueds, barrages, nappes phréatiques, etc.). L'objectif déclaré des autorités est de comptabiliser 239 stations d'épuration des eaux usées (Step) en 2014, correspondant à une capacité de 1,2 milliard de m3 par an d'eaux épurées. Le recours croissant à cette ressource d'eau non conventionnelle constitue une incitation supplémentaire pour améliorer les capacités d'épuration des eaux usées et augmenter le taux de raccordement des particuliers au réseau d'assainissement. Ainsi, il s'avère clair que l'Algérie a beaucoup investi, depuis 2000, pour sortir de la situation de stress hydrique. M. Necib avance le chiffre de 3 225 milliards de dinars d'investissements réalisés durant les trois quinquennats. B. A.