Sur le marché algérien, les prix au détail des produits, dont la fabrication intègre des matières importées, suivent l'ascension des cours des matières premières sur les marchés mondiaux quand ils sont à la hausse, mais ne les accompagnent pas quand ils baissent. Devant ce constat, il y a lieu de se demander si la législation en vigueur a pris en compte ce cas de figure ou bien l'a complètement ignoré. Nous nous sommes rapprochés du ministère du Commerce pour essayer d'en savoir plus sur cette question et, surtout, si des actions sont prévues pour remédier à cet état de fait, mais les responsables contactés ont refusé de se prononcer sous prétexte que la loi sur la concurrence fait actuellement l'objet de débats au niveau de l'Assemblée populaire nationale (APN)… Quel rapport ? De prime abord, il est à souligner que le législateur n'a rien prévu pour ce cas précis, c'est-à-dire la dévaluation des matières premières importées et son impact sur le marché national. Il faut dire par la même occasion que cette situation fait l'affaire de beaucoup de nos industriels car ils ne sont soumis à aucune obligation dans le cas où leur coût de revient à la production diminue du fait de la baisse des prix des matières premières importées et nécessaires pour le fonctionnement des chaînes de production. Une faille dans la batterie de lois sur la réglementation des prix. Quelques-uns de ces industriels, dûment concernés car importateurs de matières première, que nous avons pu joindre au téléphone, se sont prononcés sur la question et se rejoignent dans les explications qu'ils nous ont données. «Dans le cas précis d'une baisse des cours à l'international des matières premières que nous importons, nous préférons acheter plus de matière pour nous mettre à l'abri de possibles fluctuations des prix sur les marchés extérieurs. Au lieu donc de revoir nos prix sortis d'usine, nous augmentons nos stocks de matières premières importées. Ce qui nous permet à moyen terme de maintenir nos coûts de production. Nous cherchons à éviter le “yoyo” à «nos prix car pourquoi décider des réductions sporadiques sachant que les cours mondiaux peuvent reprendre une courbe ascendante». Et dans le cas où ceux-ci atteignent des pics ? «Nous préférons nous abstenir de nos approvisionner tout en puisant dans nos stocks», répondent-ils en précisant aussi : «Il nous arrive de nous retrouver obligés de revoir à la hausse nos prix sortis d'usine quand les cours élevés des matières premières importées perdurent. Mais le réajustement de nos prix est infime pour ne pas trop pénaliser nos clients.» En somme, certains industriels préfèrent plutôt maintenir leur prix d'usine que de procéder à une dévaluation quand les tarifs de la matière première baissent à l'import. De cette manière, ils profitent de l'aubaine de la baisse des cours pour constituer des stocks de matières premières pour se prémunir de toute fluctuation subite des cours mondiaux. Une telle stratégie de production et de commercialisation semble difficile à suivre chez de nombreux consommateurs. Dans le cas de l'huile végétale, les producteurs (trois au total) ont aligné leurs prix sur ceux des matières premières importées qui ont connu une chute vertigineuse sur les cours mondiaux, faisant ainsi le bonheur des ménages. Ce n'est pas le cas pour d'autres produits alimentaires de large consommation. Cette dichotomie est constatée entre des producteurs, se soumettant à une règle élémentaire de marché, et ceux continuant de pratiquer des prix comme si de rien n'était, arguant par là qu'ils préfèrent maintenir leurs prix dans la constance et non pas les changer à chaque fluctuation. Ils se cachent derrière l'idée que rien ne sert de procéder à une dépréciation sachant que les cours peuvent grimper aussi subitement qu'ils avaient chutés. Des arguments que l'on pourrait réfuter si on met sur le plateau de la balance les avantages fiscaux et les autres mesures de soutien de l'Etat à la production nationale dont bénéficient nombre d'opérateurs industriels, notamment ceux vendant des biens de consommation et des services. Enfin, rappelons qu'au sein même de la corporation des producteurs de biens, un jugement se fait entendre : «Beaucoup d'opérateurs ne jouent pas le jeu du marché, préférant maintenir leur part de bénéfice malgré la baisse de leur coût de revient à la production.» Seule peut-être une forte concurrence pourrait les rendre moins avides de gains. Et c'est à cela qu'espèrent arriver les consommateurs ou les ménages trop laminés par une cherté de la vie qui ne pas arrêter son ascension. Z. A.