A. Lemili Cela fait presqu'une quinzaine d'années que la relance du tourisme à Constantine est au centre des préoccupations des pouvoirs publics locaux. Enfin... quinze ans que leurs représentants en parlent à chaque fois que, débordant d'énergie et plein d'idées pour une ville, un nouveau wali arrive, mobilise une partie de l'exécutif pour qu'en réalité tombe le soufflé. Et à chaque fois ont été prises de grandes résolutions, sauf qu'elles étaient rarement, sinon jamais, suivies d'effet. «Constantine, capitale de la culture arabe 2015 (Ccca)» vient encore une fois remettre au goût du jour les plans tirés sur la comète par un ou deux directeurs de l'exécutif, en l'occurrence celui du tourisme, de l'artisanat auquel est associé celui du commerce. Mieux encore, l'évènement en question et surtout la cagnotte phénoménale qui lui est affectée devrait permettre non seulement de financer tous les projets qui végètent depuis des années, mais également la réalisation de tous nouveaux, comme c'est le cas de l'hôtel Mariott, sauf malheureusement que le standing de l'hôtel évoqué servira plus à drainer les hommes d'affaires que les touristes sachant que ceux qui, jusque-là, se rendent dans la ville des Ponts sont d'essence sociale plutôt modeste, à l'image de ceux que l'on appelle communément les pieds-noirs, dont une grande partie se fait en général prendre en charge par d'anciens camarades d'écoles ou voisins du temps de la révolution. Enfin, la fermeture avant le mois de juillet des deux plus anciens hôtels de la ville (Cirta et Panoramic) devrait signer le glas pour le tourisme local. Mais si «Ccca» constituait une opportunité unique de relancer ledit tourisme, les responsables locaux n'ont pas su la saisir et l'un des plus gros échecs, sinon l'indicateur en puissance de leur incapacité en la matière, reste sans doute la réhabilitation du bien nommé chemin des touristes serpentant sur l'un des flancs des gorges du Rhumel et à chaque grande occasion remis d'actualité...en vain. Pour 2015, il avait été question de livrer le 1,5 km environ en entier en prenant même le soin de l'agrémenter d'étapes de convivialité : kiosque à musique, café-terrasse et bien d'autres espaces. Vraisemblablement et toujours, les mêmes responsables ont dû revoir nettement à la baisse leur projet pour se résoudre à n'en livrer qu'un quart. L'essentiel étant que les invités arabes et autres de l'Algérie aient à contempler les eaux souvent en furie du Rhumel. En fait quelque chose d'extraordinaire pour ceux qui, parmi les Constantinois, ont le courage, et d'ailleurs au risque de leur vie, de se hasarder sur le chemin sommaire encore disponible. Il n'en sera pourtant rien car, encore une fois, le projet est remis aux calendes grecques. Pour l'anecdote, il y a lieu de souligner qu'il aurait même pu y avoir tromperie sur la marchandise dans la mesure où la direction du tourisme avait même envisagé de livrer un chemin supérieur, qui n'a rien à avoir avec celui plus que centenaire, juste pour faire illusion. Là également, l'administration (au pluriel) a fait machine arrière toute. Cela n'empêche pourtant pas les mêmes autorités locales de se frotter les mains avec la livraison du Transrhumel ou pont géant, lequel sera livré, selon les propos récents du ministre des Travaux publics en visite à Constantine, au cours des premiers jours du mois de juillet et plus exactement le 5. Les superlatifs autour de cet ouvrage d'art se multiplient chaque jour et pour cause la nécessité de rappeler qu'il constituera l'un des attraits essentiels sur le plan touristique. Or, il s'agit d'un ouvrage hideux venu défigurer totalement l'autre pont, en l'occurrence Sidi Rached plus majestueux pour bien des raisons, notamment les conditions ayant présidé à sa réalisation au début du 19e siècle. L'autre pôle d'attraction, à savoir la vieille ville, s'en va à vau-l'eau tel un château de cartes malgré son inscription en qualité de patrimoine national à préserver. Que peut-il alors rester pour émerveiller les hôtes de Constantine à partir d'avril 2015 ? Là est la question. A. L.