Le coup d'envoi de la 20e édition de la Coupe du Monde, qui revient au pays du football 64 ans après l'avoir abrité, sera donné cet après-midi à Sao Paulo, avec une courte cérémonie d'ouverture de 25 minutes dédiée à la Nature, au Peuple et au Football. La cérémonie sera suivie du premier match de la compétition mettant aux prises le Brésil et la Croatie. La planète foot va ainsi vivre un mois de spectacles, d'émotions et de passions, au bout duquel sera connu, au soir du 13 juillet prochain, le successeur de la sélection espagnole, victorieuse de l'édition sud-africaine, il y a quatre ans. Mais avant que les 32 sélections nationales n'entament la guerre de succession -un enjeu technique qui ne concerne pas de nombreuses formations-, l'événement a été enclenché, à l'échelle du pays hôte, par une grogne sociale qui, si elle n'a rien d'inédit dans un pays à tradition travailliste, aura atteint, par certains moments, des proportions inquiétantes sur les conditions de déroulement de la messe footballistique. Une situation qui a incontestablement mis dans l'embarras le gouvernement de Mme Dilma Roussef, elle-même issue des milieux ouvriers, qui ne se prive pas, dans un message de bienvenue adressé aux supporters algériens, de rappeler les acquis sociaux de sa gouvernance. «Le Brésil, ces dernières années, a lancé l'un des processus les plus réussis de distribution des revenus, augmentant le niveau de l'emploi et de l'insertion sociale du peuple», a-t-elle soutenu. Et d'ajouter que «nous avons réduit les inégalités à des niveaux impressionnants en élevant à la classe moyenne, en l'espace d'une décennie, 42 millions de personnes et en soustrayant de la misère 36 millions de Brésiliens». Des chiffres qui peinent cependant à dissiper la grisaille économique et sociale que traduit l'annonce de difficultés pour achever certains programmes sociaux, ainsi que le retard pris sur le calendrier de réalisation des travaux, y compris dans quelques enceintes prévues pour le Mondial. Contrairement au Brésil où sont attendus plus de 600 000 étrangers, qui œuvre dans le sens de fructifier l'organisation de la manifestation, qui a englouti 16 milliards de dollars -3,5 milliards de dollars pour la construction ou la rénovation des 12 stades choisis- la Fifa débarque à Rio comme un corps qui titube. Un géant aux pieds d'argile, chez qui les casseroles s'accumulent ! Un empire qui vit désormais un véritable désastre moral. L'ambiance dans laquelle se déroule, depuis mardi, le congrès de la Fifa est la parfaite illustration d'une instance qui chavire sous le poids de scandales et de controverses, dont le point culminant est l'attribution de l'organisation de la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Attribuée le 2 décembre 2010, le choix fait polémique depuis 2012. Mise dans la gêne, la Fifa, qui se devrait de réagir, déclare, en date du 29 août 2012, avoir «ouvert une enquête sur le vote de 2010». Les accusations et les soupçons de corruption montaient alors crescendo, amenant la Fifa à désigner l'avocat américain Michael J. Garcia pour enquêter sur ce qui allait être qualifié par la suite de «Qatargate». Ancien procureur général, Michael Garcia va présenter les conclusions de son enquête dans six semaines, alors que l'élection du président de la Fifa est prévue pour le mois de mai 2015. Exprimant son intention de briguer un cinquième mandat, à 78 ans, le Suisse Joseph Sepp Blatter semble tergiverser sous le poids des scandales. Au congrès de la Fifa, Blatter s'est contenté de dire que «le foot n'est pas seulement un jeu, c'est devenu, qu'on le veuille ou non, une entreprise qui pèse plusieurs milliards de dollars et génère parfois des controverses et des situations compliquées». Et si Blatter joue le temps, espérant survivre à l'orage «Qatargate», les major-sponsors de la Fifa veulent savoir. Ils réclament la vérité dans un «feuilleton» où leur label est associé pour le pire. Les firmes Sony, Visa, Adidas et Hyundai ont réagi avant le congrès de la Fifa. Pour Adidas, «la teneur négative du débat public n'est bonne ni pour l'image de marque du football, ni pour celle de l'institution Fifa, ni pour celle des partenaires». Ce qui augure des fractures entre l'empire Fifa et ses principaux partenaires, dont l'emprise, financière et commerciale scelle un écart entre la discipline et les populations. Le flux d'argent dans le foot a fini par le pervertir. Mais la partie n'est pas entièrement perdue ! Reparlons foot et remettons la balle au centre. Les Verts sont attendus mardi prochain, contre la Belgique, à Belo Horizonte. A. Y.