Tout-foot, foot fou et heureux foot au Brésil ! Et même si le Brésil millésime 2014 ne danse pas encore la samba sur gazon, le football, celui qu'on aime, est à la fête car il est d'attaque. Et il est surtout latino-américain. Et s'il ne parle pas encore portugais pour cause de déception brésilienne, ce football-là parle espagnol, et il est adroit et va droit au but. Pour cette vingtième édition, cette Coupe du Monde pourrait bien avoir un vainqueur Sud-américain et encore plus offensif que les quatre derniers champions. Avec près de trois buts par match, ce Mondial est parti sur des bases particulièrement prolifiques et des sélections comme le Chili et le Costa Rica y sont déjà pour quelque chose. En effet, rarement autant de buteurs n'avaient compté deux, voire trois buts après seulement un match ou deux. Pour l'heure, les attaques de feu ont pris le pas sur les défenses, certaines, comme celle du champion sortant espagnol, ont connu à la fois Berezina et Waterloo ! «Football is a simple game : 22 men chase a ball for 90 minutes and at the end, the Germans win» (Le football est un sport simple : 22 hommes poursuivent un ballon pendant 90 minutes et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent). Si elle illustre bien l'écœurante efficacité d'un football allemand puissant et conquérant, cette célèbre boutade de l'Anglais Gary Lineker, pourrait bien être démentie le 13 juillet au Maracanã de Rio de Janeiro. Jamais une Coupe du Monde organisée en Amérique du Sud ou même en Amérique du Nord, n'a en effet échappé à une équipe latino-américaine. Le mouvement de balancier pourrait donc jouer en faveur d'une équipe d'Amérique du Sud. Depuis 1930, l'Amérique Latine a remporté neuf titres contre dix coupes pour l'Europe. Trois sélections, le Brésil (5), l'Argentine (2) et l'Uruguay (2) trustent les trophées alors qu'en Europe ce sont cinq nations qui ont inscrit leur nom au palmarès, avec, en tête, l'Italie (4) et l'ancienne RFA (3), l'Allemagne réunifiée n'ayant jamais émargé au Panthéon des champions du monde. Au vu de ce qu'on a vu comme football de rumba et de paso doble, il faudra bien compter alors avec la Roja chilienne d'Alexis Sanchez, l'Albiceleste de Lionel Messi, la Celeste de Luis Suarez ou encore les Cafeteros de James Rodriguez. Et, bien sûr, ne les enterrons pas trop vite même s'ils ont été laborieux, les Brésiliens de Naymar, de loin le meilleur Auriverde jusqu'à présent. Mieux que les brouillons Brésiliens et les imprévisibles Argentins, encore meilleurs que les Mexicains de l'incroyable keeper volant Guillermo Ochoa, Chiliens et Colombiens épatent depuis le début de la Compétition. Le Chili du sélectionneur argentin Jorge Sampaoli s'autoproclame outsider sérieux là où bookmakers et chroniqueurs ne lui donnaient aucune chance de sortir de sa poule, avec les Pays-Bas et l'Espagne. On connait la suite. Quant à l'Argentine, qui fut poussive malgré sa victoire contre la Bosnie, on pourrait compter sur son quatuor d'attaquants stratosphériques que sont «Grendizer» Messi, «Actarus» Higuain, professeur «Procyon» Di Maria et «Alcor» Aguero. Surtout que dans cette équipe de Goldorak, Messi est mis cette fois-ci dans les meilleures conditions par le sélectionneur Alejandro Sabella. Sous sa férule, La Pulga a inscrit 22 buts en 26 matchs, contre 17 lors de ses 61 premières rencontres. Il ne faudra pas sous-estimer aussi la «garra», le fameux esprit combatif des Uruguayens comme on l'a observé contre les Anglais. Pour gagner leur premier match, après leur contre-performance contre le Costa Rica de Joell Campbell, les coéquipiers d'Edinson Cavani ont pu s'appuyer sur un monstrueux Luis Suarez. El Pistolero a fait la différence à lui tout seul, un mois seulement après une opération délicate au genou ! Deux constats s'imposent enfin : le Brésil, qui nous a laissés sur la faim, doit disposer de trois ou quatre Naymar pour espérer obtenir une sixième étoile de gloire ; alors que l'adage veut qu'on gagne des matchs avec l'attaque et les titres avec la défense. Mais au vu de ce qu'on vu déjà, seuls l'Argentine, l'Uruguay et le Chili semblent avoir les moyens de confirmer la maxime. A moins que le Brésil ne redevienne le... Brésil. N. K.