Ahmed Ouyahia, qui poursuit pour la troisième semaine ses consultations sur le projet de révision de la Constitution, a reçu hier le président du Front du Changement (FC), M. Abdelmadjid Menasra. Ce dernier a déclaré à l'issue de sa rencontre avec le directeur de cabinet de la présidence, que son parti a proposé que le Premier ministre soit issu de la majorité parlementaire. Il a ajouté que les suggestions de la formation qu'il préside s'articulent autour de quatre axes essentiels, à savoir l'édification d'un Etat démocratique, la préservation des droits de l'opposition, la citoyenneté et les droits de l'Homme et, enfin, la représentativité de la femme et de la jeunesse. Outre la suggestion liée à la nomination du Premier ministre, le FC a également proposé à la présidence, selon l'APS, que soit supprimé le Conseil de la nation en raison de son «inefficience», et de ne plus légiférer par ordonnances, excepté pour des «cas exceptionnels». Le FC a, en outre, suggéré que soit garantie la pluralité syndicale et que soient aggravées les sanctions relatives à la fraude électorale, considérant qu'elle constitue une «trahison de la volonté populaire», a argumenté son président. Le président du Conseil constitutionnel devrait être «élu et non désigné», estime le parti qui a suggéré, par ailleurs, que la présidence du Conseil supérieur de la Magistrature revienne au président de la Cour suprême au lieu du président de la République, afin de garantir «l'indépendance de la justice». M. Menasra a également évoqué les suggestions du parti dans le registre des droits de l'opposition. À ce propos, le FC a proposé un nouvel article qui pénaliserait «toute atteinte à l'exercice politique de l'opposition», de même que soient confiées à celle-ci les commissions des Finances et des Affaires étrangères de l'Assemblée populaire nationale (APN). Approuvant la disposition de la nouvelle Constitution concernant «l'interdiction du nomadisme politique», le FC a suggéré qu'elle soit généralisée aux députés indépendants et pas seulement à ceux issus des partis politiques. Pour «renforcer» le poids de l'opposition au sein de l'échiquier politique national, le parti présidé par M. Menasra a émis le souhait que deux siéges du Conseil constitutionnel lui soient attribués. Le FC a, par ailleurs, suggéré, dans le chapitre des droits de l'Homme et citoyenneté, que soient institutionnalisés les droits au logement «décent» ainsi que l'accès à l'eau et à l'alimentation «saine», de même que soit garantie la sécurité des personnes qui dénonceraient des actes de corruption. Le FC a plaidé pour une répartition géographique «équitable» des ressources financières pour barrer la route aux sentiments d'«exclusion» et de «discrimination régionaliste». Réitérant le refus du parti du concept d'«équité», contenu dans la mouture de la Constitution présentée par la présidence de la République, le FC a suggéré que soit retenu le principe d'«égalité» au lieu d'«équité», dans les domaines de la vie conjugale et familiale. Enfin, M. Menasra a tenu à rappeler, encore une fois, les motivations de la participation du FC aux consultations en déclarant que celles-ci «s'inscrivent dans le souci de parvenir à un consensus, issu du dialogue et de la participation de tout un chacun» à ce projet. Il a néanmoins précisé qu'«il n'est pas dit» que le FC acceptera la mouture finale du texte fondamental du pays, si son contenu ne répondait pas à ses attentes et aux propositions qu'il aura émises. Ahmed Ouyahia a reçu hier également, la secrétaire générale de l'Union nationale des femmes algériennes (Unfa), Mme Nouria Hafsi. Cette dernière a annoncé, à l'issue de sa rencontre, comme le rapporte l'APS, qu'elle a émis la proposition de la création d'un conseil national des droits de l'Homme. Les suggestions de l'Unfa ont porté, également, sur la nécessité de création d'une académie des compétences nationales. L'Unfa a proposé aussi l'instauration d'un régime semi-présidentiel et l'élargissement des prérogatives du Conseil de la nation. L'égalité des chances dans l'accès aux postes de responsabilité, la constitutionnalisation du Conseil national économique et social (Cnes) et les organisations de masse, ainsi que la consécration de la citoyenneté ont été également soulignées lors de cette rencontre. H. Y./APS