La première visite d'Abdelfattah al-Sissi à l'étranger depuis son élection, fin mai, se veut une visite éclair en Algérie. En effet, le président égyptien a effectué hier un déplacement de quelques heures à Alger pour s'entretenir avec le président Abdelaziz Bouteflika, à la demande de ce dernier, selon l'APS. «Ma visite en Algérie a pour objectif de dégager une véritable entente et une vision conjointe des intérêts communs et des défis qui se posent aux deux pays et à la région», a déclaré M. Sissi, cité par l'APS, à son arrivée. Il a été accueilli par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah et par le Premier ministre Abdelmalek Sellal. «Les deux pays ont besoin d'œuvrer ensemble sur nombre de questions», notamment le terrorisme, un «problème» qui nécessite «une coordination des positions», a ajouté le président égyptien. M. Sissi a ensuite été reçu par M. Bouteflika. Les deux chefs d'Etat se sont entretenus en présence de MM. Bensalah et Sellal ainsi que du ministre algérien de l'Energie, Youcef Yousfi. Selon l'APS, M. Al-Sissi s'est entretenu avec le chef de l'Etat sur la promotion des relations de fraternité et de coopération qui existent entre les deux pays et sur les questions liées à la situation dans le monde arabe et en Afrique notamment. A noter que le président Al-Sissi doit se rendre juste après à Malabo, en Guinée équatoriale, où se tiendra aujourd'hui le 23e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union Africaine. Ce qui rend la visite d'Abdelfattah al-Sissi doublement symbolique. Symbolique une première fois, parce que le nouvel homme fort de l'Egypte a décidé de consacrer sa première sortie à l'étranger pour l'Algérie. C'est là une façon, peut être, de remercier Alger d'avoir donné sa caution au nouveau pouvoir en Egypte mais aussi d'avoir joué un rôle important qui a abouti à la réintégration de l'Egypte au sein des structures de l'Union africaine, d'où elle avait été exclue au lendemain du coup d'Etat. Cette visite est également symbolique parce qu'elle intervient la veille du Sommet africain. Cela confirme que les deux chefs d'Etat, conscients des défis communs aux deux pays, compte tenu des enjeux internes et menaces externes qui pèsent sur leurs voisins et l'ensemble de la région, ont décidé de se concerter pour accorder leurs «violons». Faut-il rappeler que l'Egypte, autant que l'Algérie, sont considérés comme des pays pivots de l'Afrique. Faut-il rappeler aussi que l'Egypte, autant que l'Algérie durant la période du terrorisme, a perdu son rôle de leader durant l'instabilité engendrée par le printemps arabe. Aujourd'hui et après l'élection du général Al-Sissi, une stabilité progressive commence à s'établir. Et l'Egypte tente de reprendre sa place sur la scène régionale. C'est là où réside l'importance de la visite en Algérie d'Al-Sissi, qui est demandeur d'une coordination sécuritaire et stratégique entre les deux pays pour faire face au terrorisme en Egypte et dans l'ensemble de la région. Sur le plan interne, l'Egypte ne manquera pas de profiter de l'expérience algérienne dans le domaine de l'islamisme politique et du terrorisme, compte tenu de la ressemblance des événements dans ces deux pays. Sur le plan régional, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Chokri, a déjà exprimé la disposition de l'Egypte à accorder les moyens nécessaires aux pays africains qui font face au terrorisme. L'Egypte compte coopérer avec tous les pays d'Afrique, particulièrement les pays du bassin du Nil, a déclaré encore ce responsable égyptien. L'Algérie et l'Egypte sont également appelés à trouver une solution au bourbier libyen dont la déstabilisation les touche directement. Ainsi donc, Al-Sissi, qui fait face à une situation chaotique sur le plan politique et sécuritaire dans son pays, a besoin du soutien de l'Algérie pour réussir sa transition mais aussi pour revenir sur la scène régionale. H. Y.