Tête-à-tête Abdel Fattah al-Sissi-Bensalah Jamais une entente n'a été aussi forte entre Le Caire et Alger pour contrer la menace internationale du terrorisme. Entre Alger et Le Caire, c'est décidément la lune de miel diplomatique (chahr el aassel). Plus de quatre ans après les turbulences qui ont touché les relations entre les deux pays frères suite à un match de... football, c'est la première fois qu'un président égyptien atterrit à Alger. Même si le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est arrivé hier pour une brève visite de travail, la première à l'étranger depuis son élection, le signal est déjà assez fort. Le président de la République arabe d'Egypte, Abdel Fattah al-Sissi a affirmé à son arrivée à Alger que sa visite avait pour objectif de dégager une véritable entente et une vision conjointe des intérêts communs au niveau bilatéral. «Ma visite en Algérie a pour objectif de dégager une véritable entente et une vision conjointe des intérêts communs et des défis qui se posent aux deux pays et à la région», a ajouté M.al-Sissi à la presse à son arrivée à l'aéroport international Houari Boumediene. Le président égyptien a évoqué des «relations et des thèmes stratégiques communs à l'Egypte et à l'Algérie», a-t-il dit. «Les deux pays ont besoin d'oeuvrer ensemble sur nombre de questions», a-t-il soutenu. Il y a aussi la question du terrorisme, ce «problème» qui nécessite «une coordination des positions» et des efforts communs pour lutter ensemble contre ce phénomène, a-t-il estimé. Il s'agit également d'autres questions dont la situation en Libye, pays voisin de l'Algérie et de l'Egypte, a-t-il relevé. Le président Al-Sissi, qui effectue sa première visite à l'étranger depuis son élection à la tête de la République d'Egypte, a transmis «ses salutations» et a exprimé sa considération à l'Algérie, peuple et direction. Le président égyptien est arrivé hier à Alger, pour une brève visite de travail, à l'invitation du président Abdelaziz Bouteflika. Le président de la République arabe d'Egypte, Abdel Fattah al-Sissi, a ensuite quitté l'Algérie après avoir rencontré le président Bouteflika. L'entretien du président Bouteflika, avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi. s'est déroulé en présence du président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et du ministre de l'Energie, Youcef Yousfi. Il faut dire que l'énergie est une source importante pour le développement économique de l'Egypte. L'Algérie, qui avait réussi à éviter les bouleversements du Printemps arabe après les premières manifestations en janvier 2011, avait plaidé en faveur d'une «transition pacifique» en Egypte. C'est dans ce sens que les relations entre Le Caire et Alger ont été depuis renforcées. A côté de la coopération sécuritaire, du soutien économique notamment pour l'alimentation en gaz naturel, le chef d'Etat égyptien était également à Alger pour remercier l'Algérie pour sa médiation pour le retour de l'Egypte dans l'Union africaine. Après le renversement le 3 juillet 2013 du président islamiste Mohamed Morsi par celui qui était alors à la tête de l'armée égyptienne, le maréchal al-Sissi, l'Egypte avait été exclue de l'UA. Alors que l'Algérie avait toujours plaidé pour son maintien. Le président égyptien effectue cette visite de travail à Alger à la veille du sommet de l'Union africaine, qui doit se tenir à Malabo. L'accueil du dirigeant égyptien pourrait être perçue comme une reconnaissance du nouveau pouvoir et un désaveu des Frères musulmans et de l'ex-président Morsi. Selon certaines sources, al-Sissi avait prévu de se rendre directement à Malabo, la capitale de la Guinée équatoriale, aujourd'hui, afin de participer à un sommet de l'Union africaine pour sa première sortie à un meeting international. Al-Sissi a accepté de faire un saut par Alger, car il tenait à féliciter personnellement le président Bouteflika et le peuple algériens pour la réussite de la présidentielle du 17 avril dernier. D'ailleurs, l'ambassade d'Egypte à Alger a été dépassée pour l'organisation de cette visite. Selon des sources diplomatiques, l'ambassadeur d'Egypte à Alger a été convoqué mardi dernier au ministère des Affaires étrangères afin de préparer, à la hâte, cette visite surprise. Au même moment, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Chokri a exprimé la disposition de l'Egypte à accorder les moyens nécessaires aux pays africains qui font face au terrorisme, allusion faite aux pays du Bassin du Nil, mais aussi au Nigeria, qui souffre avec le groupe Boko Haram. «Le terrorisme constitue un danger qui menace l'Afrique et le monde et un fléau qui cible tous les pays sans exception», a indiqué M. Chokri. Le ministre égyptien s'est dit satisfait de l'accueil réservé à l'Egypte par les pays africains après son retour à l'Union africaine (UA), a déclaré le responsable égyptien au terme de ses discussions avec le ministre sud-soudanais des Affaires étrangères, Barnaba Benjamin. L'Egypte veut «donner un saut qualitatif aux relations égypto-africaines», a ajouté M.Chokri, indiquant que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s'entretiendra en marge du sommet africain avec plusieurs dirigeants africains. Des experts locaux en politique ont souligné l'importance de la visite en Algérie d'al-Sissi, car elle s'inscrit, estime-t-il, dans le sillage de la coordination sécuritaire et stratégique entre les deux pays pour faire face au terrorisme dans la région.