L'animation nocturne, intense au mois de Ramadhan, imprime une ambiance de fête dans toutes les grandes villes du pays. C'est une coutume bien ancrée. Contrairement au reste de l'année, où nos cités ferment leurs portes au coucher du soleil, durant ce mois-ci la nuit est synonyme d'ambiance festive, de joie et de détente dès la rupture du jeûne. Les citoyens, par milliers, sortent prendre de l'air frais en déambulant dans les ruelles et les placettes. L'occasion est aussi offerte de s'attabler à une terrasse pour siroter une boisson, pour déguster une douceur, échanger un brin de causette avec une connaissance. En effet, tous les commerces restent ouverts jusqu'à l'aube. Entre amis ou en famille, on se décide aussi d'aller voir un spectacle, de se rendre au parc d'attraction avec les enfants, de faire des courses, de rendre visite à un parent ou à un ami. Les mosquées enguirlandées débordent aussi de fidèles. Les rues s'animent et la circulation s'intensifie au point de former d'énormes embouteillages à chaque carrefour. La ville de Béjaïa, à titre d'exemple, fourmille de monde chaque soir. Aux premières heures de la soirée, des hommes, des femmes et des enfants, par dizaines de milliers, investissent les établissements culturels, les boulevards, les placettes et les magasins de la cité. On est quasiment obligé de jouer des coudes pour se frayer un chemin sur des trottoirs grouillants. Souvent les piétons marchent à même la chaussée au grand dam des automobilistes qui peinent à rouler. Des deux côtés de la rue, une marée humaine crée un mouvement incessant. Les réjouissances et les loisirs battent aussi leur plein dans les établissements culturels qui ont spécialement confectionné des programmes à cet effet. L'esplanade de la Maison de la culture Taous-Amrouche ne désemplit pas. Offrant des retransmissions de matchs de Coupe du Monde et des projections vidéo, la direction de l'établissement a également élaboré un riche programme de concerts et de galas musicaux. Les centres culturels, les auberges de jeunes et les associations de la ville participent aussi à cette animation tous azimuts. Dans chaque quartier ou cité, on trouve une initiative dans ce sens qui ambitionne de faire sortir les gens et de créer une ambiance de fête et de communion. Toutefois, les nombreuses autres localités de l'arrière-pays sont beaucoup moins animées que le chef-lieu de wilaya. Faute de spectacles culturels, on s'attable aux terrasses des cafés et des restaurants. On y vient pour siroter un café ou un thé à la menthe, savourer une sucrerie en prenant des nouvelles locales. On peut aussi s'offrir des parties de dominos, de jeux de cartes, de scrabble ou de jeux d'échecs. Une offre de loisir qui s'adapte particulièrement pour la gent masculine. A ce niveau, les comités de fête et le mouvement associatif local doivent absolument se démener pour offrir d'autres espaces plus adaptés aux familles et aux enfants. Comme partout à travers le territoire national, toute l'animation se concentre dans les grandes villes et les chefs-lieux de wilaya. Or, ce sont les populations de l'arrière-pays, vivant à longueur d'année dans une espèce de «no man's land» culturel, qui ont le plus besoin de cette bouffée d'oxygène. Avis aux autorités et aux acteurs culturels. K. A.