Le deuxième round du dialogue inclusif inter-malien aura lieu aujourd'hui à Alger, en présence d'une forte délégation de six ministres maliens, des groupes rebelles du Nord-Mali et des représentants des principales organisations régionales et internationales (ONU, UA, Cedeao, UE), ainsi que des représentants des Affaires étrangères des Etats voisins au Mali. «Par souci de transparence, l'Algérie a décidé d'élargir ces discussions à tous les acteurs régionaux et internationaux qui peuvent apporter leur appui à l'instauration de la paix au Mali», a déclaré une source proche du dossier, au niveau du ministère des Affaires étrangères à Alger. Les Maliens fondent de grands espoirs quant à l'issue positive du dialogue d'Alger qui a réussi le 10 juin dernier, sous la demande du président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), à rassembler les autorités de Bamako et les groupes armés du Nord-Mali, autour d'une même plateforme de discussion sur le retour du pays à la paix. Les négociations d'Alger constituent une étape déterminante pour un règlement durable de la crise politique dans le Nord-Mali, après des mois d'errance diplomatique et d'affrontements armés périodiques dans cette région. Depuis l'accord de Ouagadougou, au Burkina Faso, le 18 juin 2013, ayant permis l'élection d'IBK, un mois et demi plus tard, le Mali a connu des moments de fortes tensions et une reprise des affrontements armés, à plusieurs reprises. L'armée malienne et les groupes rebelles touareg se sont accusés mutuellement d'avoir réenclenché les hostilités, dont les dernières en date remontent à mai dernier. Ce qui a poussé IBK à solliciter la médiation algérienne qui a déjà fait ses preuves dans le passé, lors des précédentes crises de 1992 et de 2006. «Seule une implication forte de l'Algérie (qui a pris le relais de la Cedeao, Ndlr) pourrait régler cette crise du Mali», a ajouté la même source qui a toutefois précisé que les Etats voisins du Mali «ont une précieuse contribution à apporter», à cette initiative de paix. Les six principaux groupes armés, qui contrôlent plus de la moitié du territoire malien, se sont engagés début juin dernier à respecter l'intégrité territoriale du Mali, une condition préalable à toute discussion autour du règlement de la crise politique dans le nord du pays, en guerre depuis le coup d'Etat militaire, à l'origine de la chute, le 22 mars 2012, de l'ancien président, Amadou Toumani Touré (ATT). Depuis son arrivée au pouvoir, Ibrahim Boubacar Keïta s'est fixé en effet comme objectif de convaincre tous les acteurs politiques maliens à épouser sa cause, qui est celle de la sauvegarde de l'unité territoriale du Mali. Loin de toute idée d'autonomie ou d'indépendance du Nord-Mali, le Président malien s'est dit «prêt à tout discuter» avec les groupes rebelles touareg. Le dialogue devant aboutir à un meilleur partage du pouvoir, dans le cadre d'un Etat unitaire, et une gestion des institutions à laquelle prendront une part très active les touareg qui se sont toujours estimés marginalisés et lésés en matière de décisions politique et de développement social et économique. En dehors des groupes terroristes, interconnectés aux marchands d'armement et aux narcotrafiquants, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement de l'unicité pour la justice en Afrique de l'Ouest (Mujao), trois principaux groupes rebelles ont accepté un règlement politique de la crise du Nord-Mali. Il s'agit du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla, rébellion touareg), du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (Hcua, au sein duquel sont recyclés d'ex-djihadistes), du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA). Ces trois mouvements ont décidé de modérer leur position vis-à-vis de Bamako concernant la question liée à l'indépendance de ce vaste territoire qui représente plus de la moitié de la superficie totale du pays. Née en mars 2014, sous l'impulsion d'un ancien cadre du Mnla, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, la Coalition du peuple pour l'Azawad (CPA) a donné son accord à se joindre au processus de paix auquel participeront aussi les mouvements d'autodéfense sédentaires (non touareg), regroupés autour de la Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM-FPR). Pour rappel, le mouvement dissident de la CPA a été rallié par d'anciens membres du Hcua et du MAA, qui ont des positions politiques radicales. Sa participation à cette deuxième phase des pourparlers d'Alger constitue un pas en avant dans un retour proche à la paix dans le Nord-Mali. À noter enfin que le Mnla, le Hcua et le MAA ont signé de leur côté une plateforme préliminaire d'entente, dans laquelle ils affirment respecter l'intégrité territoriale du Mali. Les trois autres mouvements avaient signé quant à eux la «Déclaration d'Alger», un document à travers lequel ils avaient affirmé leur volonté d'œuvrer à «la consolidation de la dynamique d'apaisement en cours et de s'engager dans le dialogue inter-malien inclusif». Ils ont par ailleurs «réitéré» leur acceptation de la «nécessité de préserver l'intégrité territoriale du Mali». L. M.