Les terroristes de l'Etat islamique avancent leurs pions en Syrie. Ils ont réussi à prendre le contrôle total de la plus importante base militaire de l'armée syrienne, dans la province de Raqqa, dans le nord de la Syrie, après plusieurs jours de combats meurtriers. Pour s'emparer de cette base, l'Etat islamique a eu recours à un triple attentat-suicide, mercredi dernier, qui a causé des dizaines de morts dans les rangs de l'armée régulière. «L'EI a capturé la Brigade 93 après avoir mené un triple attentat suicide mercredi au début de l'attaque et de violents combats contre l'armée», a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'ONG. «Dans les combats de la Brigade 93, 36 soldats ont été tués, certains décapités, d'autres dans les affrontements et le triple attentat suicide», a indiqué l'Osdh qui a recensé une quinzaine de morts du côté des djihadistes. Affaiblis, les soldats syriens n'ont pas pu faire face au nombre important des terroristes, lourdement équipés, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh), repris par les médias. La même source affirme que l'Etat islamique «se prépare à attaquer l'aéroport militaire de Tabqa». Si cet aéroport tombe, le régime de Damas perdrait le dernier bastion, après avoir perdu une grande partie de cette province dès le début du mois de février dernier, au profit des groupes rebelles, bras armé de l'opposition politique au président syrien, Bachar al-Assad. Mais, depuis juillet, les éléments de l'Etat islamique ont réussi, à leur tour, à chasser les rebelles de la région après des combats violents. L'agence officielle Sana a fait un black-out sur cette cinglante défaite de l'armée syrienne qui enchaîne revers sur revers face à l'avancée de l'Etat islamique sur ses positions, même si elle bénéficie du soutien logistique russe et de moyens aériens pour mener des raids ciblés contre les troupes de mouvements terroristes sunnites. Outre les inquiétudes qui pèsent sur le régime de Damas, la Turquie devrait sûrement être sur le qui-vive à ses frontières avec la Syrie. La province de Raqqa est frontalière avec la Turquie. Toutefois, c'est la crainte d'un chaos total en Syrie qui devra faire réfléchir la communauté internationale. Car la multiplication des fronts de guerre dans ce pays, avec l'entrée en jeu de l'Etat islamique qui a proclamé un califat en Syrie et en Irak, sera fatale pour l'ensemble de la région du Proche-Orient aussi bien sur le plan sécuritaire qu'humanitaire. Avec la dégradation de la situation en Irak et la chasse aux minorités chrétiennes dans le nord de ce pays, sous le contrôle de l'Etat islamique en Irak et au Levant, et le débordement des violences sur le nord du Liban, c'est toute la région qui est assise sur un brasier. Reste à savoir si Bachar al-Assad mobiliserait plus de moyens pour repousser les djihadistes de l'Etat islamique qui contrôle le Sud-Est (Deir Ezzor) et maintenant une partie de Raqqa. Confronté à l'opposition armée, aux djihadistes de Forsane al-Nosra et à ceux de l'Etat islamique, combien de temps le régime de Damas résistera-t-il encore ? L. M.