Le Représentant du Front Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari, a tenu hier à répondre aux «déclarations étranges» du Représentant permanent du Maroc à l'ONU, qui appelait à «ne pas modifier» les prérogatives de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso). «Nous voulons rappeler à la partie marocaine que la seule mission de la Minurso est l'organisation d'un référendum pour accélérer le processus de décolonisation du Sahara occidental», a rappelé à New York, M. Boukhari, cité par l'agence de presse sahraouie SPS. Il a également souligné que le référendum, «accepté et signé par le Maroc et le Front Polisario», visait à «ouvrir la voie» à l'application du Plan de règlement de 1991 et des résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Sahara occidental. «L'obstruction des efforts de la communauté internationale par le Maroc, et la poursuite de son occupation militaire, de ses actes de répression barbares contre le peuple sahraoui et du pillage de ses ressources, nécessitent que l'ONU assume ses responsabilités avec plus de sincérité et de crédibilité, pour mettre fin à l'occupation illégale de notre pays et garantir les droits de notre peuple», a encore indiqué M. Boukhari, ajoutant que «les déclarations du Représentant permanent du régime marocain d'occupation» reflètent «l'irresponsabilité et le mépris de la légalité internationale, dont seul le Maroc assume les conséquences graves». Pour rappel, l'ambassadeur du Maroc à l'ONU, Omar Hilale, a déclaré, mardi dernier à New York, le «ferme attachement» du Maroc au processus politique qui «passe impérativement» par la «neutralité» du Secrétariat des Nations unies. Il s'est même octroyé le droit de mettre en garde contre toute tentative de «dépassement» du mandat de la Minurso, à même de mettre «en danger la présence même» de cette mission. «Je voudrais réitérer notre ferme attachement au processus politique qui passe impérativement par la neutralité du secrétariat des Nations unies, l'impartialité de la Minurso, la prévisibilité dans le processus de négociations et la transparence dans la facilitation, afin que le discours qui est délivré à Rabat, Alger, Tindouf ou New York soit identique, et éviter, ainsi, le double langage, générateur de tension, et d'érosion de la confiance», a déclaré M. Hilale dans une interview accordée à la MAP. Et de rappeler le «mandat de la Minurso qui se décline en trois points : surveiller le cessez-le-feu, réduire les risques d'explosion de mines et autres restes explosifs de guerre, soutenir les mesures de confiance avec l'appui du HCR en particulier dans le cadre des visites familiales. C'est pourquoi tout dépassement de ce mandat sera inacceptable. Car les manœuvres actuelles visent manifestement à faire de la Minurso un centre des Nations unies au Sahara, au pire un lieu de rencontre des séparatistes avec les visiteurs étrangers dans nos provinces du Sud. Le Maroc le dit haut et fort: ces manoeuvres mettront en danger la présence même de la Minurso. Le Maroc ne demande ni plus ni moins que le respect strict et intégral du mandat de la Minurso». La «conjoncture régionale est tellement trouble et périlleuse qu'elle appelle de la part des pays de la région, et plus particulièrement de l'Algérie, un sursaut de responsabilité, de réalisme, et de courage politique afin de garantir un avenir meilleur aux générations futures», a-t-il encore souligné. Et comme réponse «réaliste» à ce responsable, il suffit de rappeler que sur le site officiel des Nations unies, il est clairement indiqué «à la suite d ́un accord auquel sont parvenus le gouvernement du Maroc et le Front Polisario, la Minurso a été établie et déployée en septembre 1991 afin de surveiller le cessez-le-feu et organiser un référendum qui permettrait aux habitants du Sahara occidental, habilités à voter, de décider du statut futur de ce territoire». Cette indication est, à elle seule, suffisante pour appuyer les déclarations du Représentant du Front Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari. Rappelons enfin que les relations entre le Maroc et l'ONU ne sont pas encore sorties de la zone de turbulences à cause du prochain rapport de l'Envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross. Ce rapport pousse les autorités marocaines à multiplier les déclarations médiatiques en vue de faire pression sur ce diplomate américain dans l'espoir qu'il soit remplacé par une autre personnalité moins hostile à ses thèses. La manœuvre marocaine n'a pas réussi puisque Christopher Ross est toujours en poste et que le Maroc attend depuis juin dernier une réponse à son questionnaire sur «tous les aspects du processus de négociations, y compris les dérapages du dernier rapport du Secrétaire général, ainsi que la nécessité d'imprimer de la clarté dans sa mission, de la transparence dans ses entretiens et dans l'élaboration des rapports, et surtout une plus grande prévisibilité pour l'avenir», comme l'a déclaré M. Hilale. H. Y.