À soixante-douze heures de l'expiration du mandat de la Minurso, le SG de l'ONU apporte un correctif essentiel au rapport qu'il a remis au Conseil de sécurité. La question des droits de l'homme dans les territoires occupés n'est pas une simple vue de l'esprit, comme le soutiennent les autorités marocaines. Ban Ki-moon l'a réaffirmé sans ambages vendredi dernier, après avoir oublié de le mentionner dans le rapport qu'il a remis au Conseil de sécurité. Le président de la République sahraouie a-t-il réussi à convaincre le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies de l'importance et du bien-fondé de cette clarification? A la tête d'une délégation de premier plan composée de Mahfoud Ali Beiba, président du Parlement sahraoui, Mhamed Khadad, coordinateur du Front Polisario avec la Minurso, Boukhari Ahmed et Moulud Saïd, respectivement représentant à New York et à Washington et Abdati Breica, conseiller à la présidence, le président de la Rasd a, au cours d'un entretien qui s'est tenu au siège de l'ONU, exprimé sa vive préoccupation devant les violations répétées des droits de l'homme par les forces d'occupation marocaines. Il a en outre, souligné «la nécessité d'inclure cette question dans le mandat de la Minurso». Comment le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies a-t-il reçu le message? «Le secrétaire général (de l'ONU) s'est déclaré très inquiet des rapports de violations des droits de l'homme. Il a annoncé que son envoyé personnel, Christopher Ross, ainsi que le secrétariat de l'Onu, continueraient à oeuvrer à la défense des droits humains des Sahraouis», a confié Mohamed Abdelaziz. A soixante-douze heures de l'expiration du mandat de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, la déclaration du premier responsable de l'instance onusienne tombe à pic. Elle répare d'un côté, une omission du rapport remis par Ban Ki-moon au Conseil de sécurité de l'ONU, que d'aucuns ont très vite interprétée comme étant une prise de position en faveur du projet de large autonomie soutenu par le Maroc. Elle donne par ailleurs, une chance à la reprise des négociations et à la tenue d'un cinquième round de négociations appelé de tous ses voeux par le représentant personnel du secrétaire général des Nations unies au Sahara occidental. Un objectif conditionné cependant par l'élargissement des prérogatives de la Minurso en la dotant d'un mécanisme de supervision des droits de l'homme. Une éventualité à laquelle s'opposent farouchement les responsables marocains comme ils ne veulent d'autre part, point entendre parler de l'option de la tenue d'un référendum d'autodétermination qui garantirait au peuple sahraoui de s'exprimer librement quant à son indépendance. Ce qui constitue un obstacle de poids pour Christopher Ross qui tente de faire renouer le fil du dialogue entre les deux parties en conflit. Le président sahraoui a rappelé au secrétaire général des Nations unies ainsi qu'à la délégation onusienne rencontrée vendredi à New York au siège des Nations unies, au sein de laquelle figuraient entre autres le secrétaire général adjoint en charge des Affaires politiques, B.Lynn Pascoe, l'envoyé personnel pour le Sahara occidental, Christopher Ross, le chef de cabinet du secrétaire général Vijay Nambiar, la nécessité de la prise en compte des conditions objectives du dossier du Sahara occidental pour mettre fin, de manière définitive, à un conflit qui dure depuis plus de trente-cinq ans. «Le problème du Sahara occidental est un problème de décolonisation et c'est sur cette base qu'en 1990 le Conseil de sécurité a créé la Minurso en vue de l'établissement d'un cessez-le-feu et la tenue d'un référendum d'autodétermination pour permettre au peuple sahraoui de choisir entre l'indépendance ou l'intégration au Maroc», a précisé Mohamed Abdelaziz. Le SG de l'ONU y a-t-il prêté une oreille attentive? «M.Ban Ki-moon et les Nations unies restent engagés en faveur d'une solution mutuellement acceptée qui garantit le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», a fait savoir le secrétaire général du Front Polisario. Il reste que c'est très probablement de la résolution du Conseil de sécurité, qui sera votée dans la nuit du 29 au 30 avril 2010 pour prolonger le mandat de la Mission des Nations unies au Sahara occidental, dont dépendra la tournure que prendra le combat que mène le peuple sahraoui pour sa liberté.