Fajr Libya, la milice islamiste de Misrata, poursuivait hier son avancée vers Benghazi, dans l'est de la Libye, après avoir conquis fin août dernier la capitale Tripoli, provoquant des dizaines de morts et poussant des milliers de civils à fuir leurs maisons, ont indiqué hier les médias locaux qui craignent une aggravation du conflit dans les jours à venir. Selon le journal local Gourina al-djadida, «des hommes armés ont attaqué le siège des groupes d'autodéfense de Sidi Hocine, une localité relevant de Benghazi, dans la nuit de jeudi à vendredi», mais leur attaque a été repoussée. Ce qui n'est pas le cas à Ourchafna où les troupes de Fajr Libya bombardent toujours les positions des milices Zenten, qu'elles ont réussi à chasser de Tripoli après plusieurs semaines de combats entre début juin et fin août dernier. Les islamistes de Misrata utilisent des armes lourdes et des missiles Grad, un arsenal militaire que la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, fin 2011, a livré aux milices et aux groupes terroristes, inondant aussi bien le marché local qu'étranger, notamment les pays du Sahel et de l'Afrique de l'est, en proie à une situation politico-sécuritaire explosive. La poursuite des combats a contraint plus de trois mille personnes à fuir leurs maisons, aggravant ainsi la situation humanitaire. Plus d'un million et demi de civils ont été déplacés en raison des violences armées, selon les chiffres officiels. Des dizaines de milliers d'entre eux ont pu se réfugier en Tunisie et en Egypte, voire en Algérie. En l'absence d'un consensus politique national, la Libye s'enfonce de jour en jour dans un chaos politico-sécuritaire semblable à celui de la Somalie. Le gouvernement provisoire de transition ne contrôle quasiment rien, pendant que le Parlement essaie de mettre en place les fondements d'un futur Etat libyen moderne, loin des combats opposant les milices entre elles ou les milices aux groupes proches de l'armée libyenne, dont il ne reste pratiquement qu'un commandement désorienté. Ainsi, la commission en charge de la rédaction d'une nouvelle Constitution en Libye a fait savoir, jeudi, qu'elle prévoit l'organisation d'un référendum populaire sur ce texte en décembre prochain. «La commission prédit que le référendum sur la Constitution aura lieu en décembre», a affirmé le porte-parole de cet organisme, Al Sadik al-Sersi. Jeudi soir, l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Bernardino Léon, a appelé une nouvelle fois les Libyens au dialogue, estimant qu'il n'y a que la voie politique pour sortir le pays de l'impasse. Le diplomate d'origine espagnole s'est rendu jeudi à Tripoli, le premier déplacement d'un responsable étranger dans la capitale libyenne depuis la défaite de la milice Zenten face à Fajr Libya, qui contrôle présentement Tripoli et la plupart des institutions gouvernementales, poussant le gouvernement et la Chambre des représentants, élue deux mois auparavant, à quitter la capitale pour s'installer à Tobrouk, dans l'est du pays. Alors qu'une intervention militaire française est envisageable, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, les pays de la région, dont l'Algérie, privilégient une issue diplomatique à ce conflit qui risque de s'inscrire dans la durée. L. M.