L'ancien président du CS Constantine, le Dr Omar Mehsas, a souligné hier la nécessité d'appliquer «les lois qui existent» dans le cadre de la lutte contre la violence avant de penser à une nouvelle législation. «L'arsenal juridique algérien est suffisant pour lutter contre la violence qui est un phénomène de société. Avant de penser à élaborer de nouvelles lois il faut d'abord appliquer strictement celles qui existent», a indiqué le Dr Mehsas dans son intervention lors d'un séminaire sur la violence, organisé par le ministère de la Communication au Palais des expositions. Pour l'ancien patron du CSC, qui occupe le poste de secrétaire général de l'Académie algérienne de la société civile, la famille et l'école ne jouent pas pleinement leurs rôles. «Malheureusement, la famille et l'école, véritables berceaux de l'enfance n'arrivent pas à pacifier les esprits et les comportements dans un monde en constante évolution», regrette-t-il. Le conférencier a indiqué que les «nobles valeurs» ont laissé place à une violence multiformes, physique et verbale. «Quand les liens de communication s'effondrent, quand le respect entre les hommes disparaît, la violence s'installe progressivement sans que les gens ne s'en aperçoivent. Ça devient normal. Justement, c'est cette banalisation de la violence qui est grave», a-t-il expliqué. D'autre part, le Dr Mehsas a appelé à une «utilisation positive» de la solidarité entre les différentes composantes de la société algérienne. «De nature, les Algériens sont très solidaires entre eux notamment dans les moments difficiles. Je donne l'exemple du séisme de Boumerdès ou les inondations de Bab El Oued qui ont enregistré un élan de solidarité extraordinaire. Nous devons exploiter cette qualité. En parallèle, nous devons combattre la solidarité conjoncturelle», a-t-il enchaîné. Il a enfin insisté sur les moyens de dissuasion, notamment les sanctions «qui ne doivent faire l'objet d'aucune grâce». Pour sa part, l'ancienne gloire du football, Rabah Madjer, estime qu'il faut joindre l'acte à la parole comme l'une des principales solutions pour lutter efficacement contre le phénomène de la violence. «Les solutions existent et tout le monde les connaît. La seule chose qui a toujours manqué jusqu'ici, c'est leur mise en œuvre sur le terrain. D'où d'ailleurs l'expansion du phénomène de la violence, car si on ne joint pas l'acte à la parole, les choses ne risquent pas d'évoluer», a-t-il affirmé. Rabah Madjer a insisté sur le fait que le simple supporter, que beaucoup pointent du doigt comme étant le principal responsable des actes de violences dans les stades, «n'est que le dernier maillon de la chaîne» et par conséquent, «il ne doit pas être le seul à être blâmé». «La violence commence dans les plus hautes sphères du football, à travers les responsables qui font pression sur les arbitres pour influer sur le résultat d'un match, les dirigeants qui ne respectent pas leurs entraîneurs et qui sont prêts à tout pour venir à bout d'un adversaire, sans oublier les opportunistes et les magouilleurs qui voient le football juste comme un moyen de réussir un très gros profit», a dénoncé l'ancien N°11 de l'équipe nationale, lors d'un point de presse improvisé à l'issue du séminaire. «Dans un milieu aussi gangrené, a-t-il ajouté, le supporter est poussé indirectement vers la violence, car il se sent obligé d'exprimer son mécontentement par rapport au mal dont il est témoin. Seulement, si le football est assaini, s'il devient sans corruption ni magouille, le supporter ne pourra qu'adhérer au changement, car il ne voudra sûrement pas faire office de seule tache noire dans un environnement propre.» «Il faut attaquer le mal à la racine. Autrement dit ne pas considérer la violence comme un cas isolé qu'il faut combattre à part, mais plutôt comme une conséquence de ce qui se passe dans la société, particulièrement dans le domaine du football», a-t-il ajouté. «Il faut combattre toute forme de déviation, susceptible de conduire à la violence, et ce n'est que de cette façon qu'on peut espérer faire vraiment bouger les choses», a-t-il conclu. R. N.