Le constat fait l'unanimité. La violence gangrène la société. Elle a même pris des proportions alarmantes. Un séminaire dédié à cette thématique a été organisé hier par le ministère de la Communication. Ce fut l'occasion pour les participants de relayer cette constatation, d'essayer d'en expliquer l'origine et de proposer des pistes de traitement du fléau qui n'est pas circonscrit au seul territoire du sport. D'aucuns auront pointé la violence qui s'exerce sur les routes, dans la vie urbaine, dans le couple...Bref, c'est un lieu commun d'avoir à désigner les formes et les manifestations de la violence. Celle-ci n'est pas seulement physique, elle est aussi morale. Pour Hamid Grine, ministre de la Communication, la problématique interpelle toute la société ; pas seulement l'affaire d'un quelconque ministère. Il sera rejoint par beaucoup d'intervenants pour situer le rôle de la famille et de l'école dans l'effort à faire sur soi pour « faire changer la situation », « pacifier les esprits ». Mais fondamentalement, la collectivité doit tendre à réduire les facteurs qui engendrent la violence. Le laxisme et l'impunité semblent avoir favorisé les comportements agressifs et installé progressivement une culture de la haine. Khalef Mahieddine s'indignera, à juste titre, du comportement de certains dirigeants de club qui s'adonnent à une surenchère financière à la veille de certaines rencontres. Et propose d'interdire le mélange des genres. Un dirigeant sportif ne fera que du sport dont l'activité devrait être incompatible avec des missions politiques ou d'affaires. Car « il y a des gens qui se servent de ce type de responsabilité comme rampe de lancement ». Réhabiliter le sport scolaire, accompagner les nouvelles habitations d'aires de jeux, construire de nouveaux stades qui répondent à de nouvelles normes notamment en matière de capacités d'accueil et d'organisation. Voilà ce qu'il aurait fallu faire pour prévenir l'engrenage actuel, a argué l'ancien patron de l'équipe nationale et de la JSK. La presse aussi doit s'interdire d'enflammer les foules avant les rencontres de football en faisant preuve de retenue dans l'usage des mots. Et traiter les confrontations à leurs justes proportions. Le non moins illustre sportif, Rabah Madjer, manifestement indigné par la banalisation de la violence, implique la responsabilité collective dans la lutte contre le phénomène. Et accusera les milieux financiers liés dans une relation dangereuse de corrompus/corrupteurs de mettre de l'huile sur le feu. Pour un rendement général « médiocre ». Histoire de signifier que le jeu ne vaut pas la chandelle. Mais l'excitation qui conditionne le comportement des supporters en coûte beaucoup pour le pays qui voit s'effondrer les valeurs communes de respect et de solidarité. « L'agressivité s'en trouve même valorisée », regrette l'ancien président du CS Constantine, Dr Omar Mehsas, qui déplore la démission collective, la défaillance des élites, la momification de l'école qui n'assure plus d'activités ludiques, l'échec de certaines politiques... Le laxisme observé devant les dépassements fait le reste. Trop de grâces dessert la fermeté, a-t-il insinué. Car « à force de tolérer, on finit par approuver ». Moralité, il faut appliquer la loi qui existe avant d'en adopter d'autres. En l'accommodant de certaines mesures immédiates comme l'interdiction d'accès au stade pour les moins de 16 ans et l'installation des caméras de vidéosurveillance. A constat unanime, remède nuancé.