En marge du séminaire sur la violence organisé par le ministère de la Communication, l'ancienne vedette de l'équipe nationale et du FC Porto, Rabah Madjer, nous a accordé cet entretien. En votre qualité d'ancien sportif de haut niveau, que dire de cette initiative du ministre de la communication, un séminaire sur la violence ? C'est une louable initiative de la part du ministre de la Communication, Hamid Grine. C'est un honneur pour moi d'avoir pris part à ce séminaire en compagnie d'autres figures du sport national, de journalistes, de psychologues, d'universitaires et de chercheurs. Ensemble, nous avons débattu de ce phénomène de la violence. Chacun a apporté ses idées et sa vision des choses afin de préconiser des solutions et lutter efficacement contre la violence dans toutes ses formes, notamment celle des stades. Justement, l'un de nos stades a connu un drame avec la mort d'Ebossé. Quel est votre commentaire ? Vous savez, la sonnette d'alarme a été tirée depuis longtemps, mais, malheureusement, on a attendu jusqu'à ce qu'il y ait ce drame pour réagir. Il fallait agir avant pour ne pas arriver à cette situation qui ne nous honore pas du tout. La violence dans les stades est la résultante d'un entourage malsain de nos clubs de football. Les mauvaises pratiques ont pris le dessus sur les principes, l'éducation, l'éthique, l'honnêteté, la crédibilité, la sportivité et le professionnalisme. Vous faites allusion aux dirigeants des clubs ? Notre football est gangréné. De hauts responsables de ce sport sont la cause de cette décadence et de ce mal chronique qui le ronge. Ils ont pris le football en otage et en font ce qu'ils veulent depuis quelques années. Pour moi, ces agissements sont une forme de violence. Voilà aujourd'hui où on en est ! Il ne faut pas jauger la situation par notre EN de football composée à 100% de joueurs évoluant à l'étranger. Où est la place du joueur local aujourd'hui ? Nos dirigeants n'assument plus les responsabilités qui sont les leurs, la majorité de nos entraîneurs ne sont plus ces éducateurs moralisateurs qui œuvrent à inculquer aux jeunes les principes et les valeurs du sport, nos joueurs manquent cruellement de professionnalisme et j'en passe. Les supporters sont, dans ce cas, la vitrine de tous ces maux. Quand rien ne marche, les fans sont furieux et expriment leur colère à l'intérieur et en dehors des stades. Après la mort d'Ebossé, notre football vient de connaître un autre scandale avec cette sortie médiatique inattendue de l'arbitre assistant, Bitam, qui accuse des responsables de notre football de manipulateurs. Un commentaire ? A mon avis, Bitam est courageux et c'est tout à son honneur. Son acte prouve qu'il y a des choses qui se passent mal dans notre football. Il a eu le courage de dénoncer des pratiques malsaines. C'est aussi le rôle des médias de dénoncer les parasites de notre football à tous les niveaux. Un fait insolite vient de se produire dans notre championnat de Ligue 1. Le président Hannachi a imposé à son entraîneur belge, Broos, la composition de l'équipe qui a affronté le NAHD... Avec tout le respect que je dois au président Hannachi, même si je ne suis pas au courant de ce qui s'est passé entre les deux hommes, je crois qu'un tel acte n'honore pas un club comme la JSK ni notre football d'autant plus qu'il s'agit d'un étranger. La mort d'Ebossé, l'affaire Bitam, la démission de Broos ... Que va-t-on dire de nous à l'étranger ? L'ES Sétif s'est qualifiée pour la finale de la Ligue des Champions d'Afrique. Qu'avez-vous à dire en guise de conclusion ? Je suis très très heureux de cette qualification de l'Entente. Je lui souhaite bonne chance pour la finale. J'espère que les joueurs atteindront leur objectif en remportant le trophée. Ce serait formidable pour Sétif et le football algérien. Je profite de cette occasion pour souhaiter une bonne fête de l'Aïd à tous les Algériens et à tous les musulmans.