La crise libyenne est entrée dans une phase cruciale, marquée par une multiplication des efforts internationaux pour ramener la paix et une recrudescence des violences à travers tout le pays, où les milices islamistes ont encore gagné du terrain, selon les médias locaux. Hier, le leader du mouvement terroriste islamiste d'Ansar al-Charia, Mohamed al-Zahaoui, a déclaré dans un enregistrement vidéo son intention de s'emparer totalement de la ville de Benghazi dans les jours à venir, alors que l'autre milice islamiste de Misrata, Fajr Libya (L'aube de la Libye), a conquis d'autres villes de l'ouest du pays, entamant ainsi une nouvelle conquête de la ville de Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli). Dans la vidéo relayée par les réseaux sociaux, Al-Zahaoui a affirmé que son objectif est le contrôle par son mouvement de Benghazi uniquement, n'ayant aucune intention d'avancer sur d'autres régions du pays, ajoutant que la bataille menée par Ansar al-Charia contre les troupes de l'ancien général Khalifa Haftar «prendra fin dans quelques jours». Hier, le corps sans vie d'un civil a été transféré dans un hôpital de Benghazi, selon des sources hospitalières et sécuritaires. La victime a succombé à ses blessures causées par les combats en cours autour de l'aéroport de Benina, proche de Benghazi, a rapporté Libyens.net, une agence de presse libyenne en ligne. Alors que les partisans de l'ancien allié du défunt guide libyen, Mouammar Kadhafi (mort fin 2011), continuent à afficher leur optimisme, alors que la réalité du terrain semble démontrer le contraire. Des sources, haut placées au sein de l'armée libyenne, ont affirmé hier au quotidien local Bouabat al-Wassat que plus de 130 morts ont été enregistrés ces deux derniers mois dans les rangs des forces spéciales libyennes. De nombreux soldats volontaires ont également été tués dans les combats qui ont opposé l'armée régulière, appuyée par les partisans de Khalifa Haftar, aux groupes islamistes qui sévissent dans l'est libyen, plus particulièrement Ansar al-Charia qui a fait allégeance à Al-Qaïda. Ces chiffres sont loin d'être définitifs et exhaustifs, car aucun bilan officiel n'a encore été établi depuis le début des combats à la mi-mai dernier. Toutefois, ce qui inquiète le plus, c'est l'avancée de Fajr Libya vers la ville de Zenten, après avoir chassé sa milice de Tripoli, à l'issue de violents affrontements qui ont duré de la mi-juin jusqu'à fin août. Fajr Libya a réussi à prendre le contrôle quasi-total de la capitale Tripoli, où il a annoncé il y a près d'un mois la mise en place d'un gouvernement parallèle, sous la direction de l'ancien président du Conseil général national (CGN), Omar al-Hassi. Le CGN, qui a été créé au lendemain de la chute du régime de Kadhafi, a été réactivé par Fajr Libya, qui rejette le gouvernement officiel d'Abdellah al-Theni et le Parlement élu, tous les deux siégeant respectivement à Benghazi et à Tobrouk, en raison de l'insécurité à Tripoli. La milice de Misrata a également fait part de son rejet de la proposition algérienne d'accueillir le dialogue inclusif inter-libyen, préférant poursuivre les combats jusqu'au bout. Ce qui risque d'aggraver la crise humanitaire dont parlent peu les médias, et qui menace de provoquer de nouvelles tensions à notre frontière et à la frontière tunisienne. Hier, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon a effectué une visite surprise à Tripoli où il a rencontré de nombreuses personnalités politiques et tribales, dans l'espoir de leur faire accepter une solution diplomatique à la guerre civile qui ravage leur pays depuis presque quatre ans, selon une source de la mission de l'ONU dans ce pays (Unsmil). «M. Ban doit inciter les parties libyennes à aller de l'avant dans le dialogue politique pour rétablir la stabilité dans le pays», a indiqué son porte-parole sur son compte Twitter. L. M.