Mohamed Rahmani Près d'une trentaine d'ouvriers du laminoir rond à béton (LRB) rejoints par ceux affectés au port ont observé, hier, un sit-in devant le premier poste de garde à l'entrée principale du complexe sidérurgique ArcelorMittal d'Annaba. Ils protestaient contre la suspension par la direction de 7 de leurs camarades, suite au débrayage et à l'occupation des deux sites en question empêchant ainsi toute activité. Ils exigent la réintégration de ces derniers tout en maintenant leurs revendications quant au départ du directeur de l'unité LRB et la révision des fiches de poste au port pour y intégrer les nouvelles tâches qui leur avaient été assignées sans pour autant que celles-ci ne figurent sur ladite fiche. Jusqu'à 13 heures, hier, la direction du complexe était restée intraitable sur la question ne voulant rien entendre tant que le travail n'a pas repris. Le syndicat d'entreprise qui, lui aussi, est resté muet concernant cette situation, n'est pas intervenu bien que l'union locale Ugta se soit immiscée dans ce conflit cyclique et savamment entretenu. En effet, le secrétaire général de l'union locale, qui n'est autre que l'ex-secrétaire général du syndicat ArcelorMittal, en l'occurrence Aïssa Menadi, a limogé quatre syndicalistes pour les remplacer au pied levé par quatre autres qu'il a constitués en collectif pour représenter le laminoir rond à béton, une situation inédite qui ne s'est jamais vue. Ces derniers ont été désignés pour prendre en charge les revendications des travailleurs du LRB alors qu'il y a un syndicat élu. À n'y rien comprendre. Nous avons appris, hier, que les ouvriers affectés au port ont repris leur activité la veille à 21 heures et ont procédé au déchargement des brames importées destinées au laminoir à chaud, où sont fabriqués les produits plats. La zone en question emploie près de 800 ouvriers et tourne depuis une semaine. Mais le reste, tout le reste, est à l'arrêt. Rien ne tourne plus et la situation s'aggrave du fait que les recettes se réduisent considérablement mettant en péril tout le complexe sidérurgique. «Nous sommes confrontés à une situation sans précédent. Cela ne s'est jamais produit avant, d'un côté le haut fourneau (HF) est à l'arrêt et cela risque de se prolonger puisque les travaux de maintenance ne sont pas encore achevés, toutes les unités en amont et en aval dépendant du HF sont paralysées, et le LRB est bloqué par les grévistes. Il est fort à craindre que les salaires du mois d'octobre ne seront pas versés car le complexe se trouve aujourd'hui dans une situation financière plus que critique. C'est du sérieux et cela peut avoir de graves conséquences», nous a confié, hier, avec beaucoup d'amertume, un responsable au niveau du complexe sidérurgique. Une poignée d'ouvriers avec un piquet de grève infranchissable empêche une majorité de travailler, mettant à genoux tout un complexe sidérurgique poumon de l'économie régionale sans qu'il n'y ait de réaction des pouvoirs publics et l'on parle d'investissement de l'ordre de 1 milliard de dollars pour porter la production à 2 millions de tonnes. Comment cela peut-il se faire alors qu'on n'arrive même pas à «libérer» une unité de ce complexe ? M. R