Plus d'une centaine de policiers en uniforme de l'unité d'El-Hamiz a marché, hier, jusqu'au Palais du gouvernement à Alger, avons-nous constaté. Le cortège a entamé sa marche de Bordj El Kiffan aux environs de onze heures et il est arrivé devant le portail du siège du Premier ministre à seize heures dix. Sur la route, ce groupe a été rejoint par deux autres groupes de policiers des unités de Hussein-Dey et de Belouizdad, qui les avaient attendus sur le bord du boulevard de l'ALN (ex-Moutonnière). Après avoir longé le boulevard Amirouche, ils ont pris la montée de la Grande Poste pour finir leur marche devant le portail du Palais du gouvernement, escortés par deux véhicules de la gendarmerie et d'autres voitures de la Direction générale de la sûreté nationale. Les policiers protestataires devaient, selon des sources concordantes, être envoyés à Ghardaïa pour remplacer leur collègues qui ont été dépêchés en renforts pour rétablir la sécurité dans cette wilaya, en proie à de graves affrontements tribaux entre la communauté mozabites et la communauté arabe, depuis plus de dix mois. D'autres sources affirment que les policiers ont marché en signe de soutien à leurs collègues de Ghardaïa qui manifestent depuis lundi dernier dans cette wilaya du Sud, pour dénoncer la situation d'abandon à laquelle ils seraient livrés depuis le début des affrontements qui ont fait plus d'une dizaine de morts en presque un an. Quelques minutes après leur arrivée devant le Palais du gouvernement, les policiers ont demandé à rencontrer le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, qui était en déplacement à Ghardaïa, pour «s'enquérir de la situation», selon des sources officielles. À défaut de la présence du ministre de tutelle, les manifestants ont réclamé la venue du Premier ministre, Abdelmalek Sellal. En vain. La venue du wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, a été décriée par les policiers qui lui ont tourné le dos et refusé de s'adresser à lui, avant de s'attaquer à la presse qu'ils accusent de partialité dans le traitement des informations liées à leur action, la première dans l'histoire de l'Algérie indépendante. Défiant la pluie et le froid, les policiers ont décidé d'observer un rassemblement sur place jusqu'à ce que les responsables concernés au sein du gouvernement les reçoivent, se refusant toutefois à faire la moindre déclaration sur les motivations de leur action de contestation. Aux environs de dix-sept heures trente, un autre groupe d'au moins cent-cinquante policiers, en uniformes, arrive sur les lieux du rassemblement. Selon des sources policières, le groupe est originaire de la wilaya de Bouira. Il a été accueilli avec des applaudissements de leurs collègues, qui ont scandé des slogans demandant le départ de l'actuel patron de la Direction générale de la sûreté nationale (Dgsn), le général-major Abdelghani Hamel. «Hamel dégage», ont crié les policiers qui se disent méprisés par leur institution. Il faut noter que la circulation automobile n'a nullement été perturbée, les policiers marchant sur la bande d'arrêt d'urgence, malgré les arrêts incessants des automobilistes, fortement étonnés par cette marche de la police qu'ils semblaient soutenir. Mais une fois arrivés à Alger, de nombreux visages étaient inquiets par ce qu'ils voyaient. En fin de journée, des policiers en uniformes continuaient d'affluer sur les lieux du sit-in par petits groupes de cinq à dix, visiblement venus des unités proches d'Alger. A noter que les éléments de la police ont également marché, hier à Ghardaïa, pour le deuxième jour, brandissant les mêmes revendications. L. M.