Merzak Meneceur Cinquante-trois ans après, Paris reste plus que jamais fidèle aux cérémonies de commémoration du massacre d'environ 300 Algériens par la police de la capitale parce qu'ils ne voulaient pas, en manifestant en nombre impressionnant, se soumettre à l'oukase du préfet de la capitale, Maurice Papon, leur imposant un discriminatoire couvre-feu. Le but avoué était d'empêcher la Fédération de France du FLN de toutes activités nocturnes afin de briser la contribution de la communauté algérienne émigrée à la lutte de libération nationale. Il fut vain. Hier matin, à l'initiative de la Mairie de Paris, une cérémonie de recueillement s'est déroulée devant la place commémorative du massacre du 17 octobre 1961 située au Pont Saint-Michel qui a vu tant d'Algériens jetés dans la Seine pour disparaître à jamais. La première magistrate de la ville, Anne Hidalgo, et l'ambassadeur d'Algérie en France, Amar Bendjama, ont déposé chacun une gerbe de fleurs. Une troisième gerbe de fleurs s'est jointe, émanant de la délégation de six députés algériens dirigée par Belkacem Belabbès, Président du groupe parlementaire d'amitié Algérie-France, invitée spécialement pour assister à cet évènement par Patrick Menucci, président du Groupe parlementaire France-Algérie. C'est la première fois que des parlementaires des deux pays rendent ensemble un hommage aux Martyrs du 17 octobre 1961. C'est la concrétisation d'une initiative proposée par le député des Français de l'étranger (Maghreb/Afrique de l'Ouest), Pouria Amirshahi. Plusieurs autres personnalités ont assisté à cette cérémonie, dont l'ambassadeur de Palestine en France, le premier secrétaire du Parti communiste français, Pierre Laurent, et Pierre Chevènement, président de l'Association d'amitié franco-algérienne. La journée a connu plusieurs rassemblements et dépôts de gerbes de fleurs dans des lieux de mémoire de la périphérie parisienne à l'initiative du Consul d'Algérie à Nanterre, M. Dehendi, et plusieurs municipalités. Les manifestations à la mémoire des martyrs du 17 octobre 1961 ont eu lieu devant les plaques commémoratives du pont de Clichy, face à la préfecture de Nanterre, de Gennevilliers et de Bezons. Le Collectif 17-Octobre-1961 a également tenu son traditionnel rassemblement de fin d'après-midi sur le Pont Saint-Michel pour exiger toujours «Vérité et Justice». Dans son appel signé par plusieurs associations, syndicats et partis politiques, le Collectif est convaincu que «53 ans après, la Vérité est en marche». Mais il ajoute : «Cependant, la France n'a toujours pas reconnu sa responsabilité dans les guerres coloniales qu'elle a menées,-en particulier la Guerre d'Algérie- non plus que dans les cortèges de drames et d'horreurs qu'elles ont entraînés, comme ce crime d'Etat que constitue le 17 octobre 1961. Le 17 octobre 2012, le président de la République a certes fait un premier pas important en déclarant : «Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits.» Mais le terme crime n'est pas repris, et la responsabilité, sous entendue, n'est pas clairement définie. Dans son appel, le Collectif du 17-Octobre-1961, avance une série de revendications, et notamment à ce que : «Le président de la République, au nom de la France, confirme par un geste symbolique, la reconnaissance de ce crime d'Etat.» M. M.