L'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef) a ouvert les hostilités, mardi dernier, avec une journée de débrayage. Ce syndicat reproche au ministère de ne pas tenir ses engagements concernant les revendications socioprofessionnelles en suspens contenues dans le procès-verbal de l'accord signé après la grève de février dernier. La tutelle est également clouée au pilori pour son silence face à la grève ouverte des fonctionnaires des services économiques qui en est à son deuxième mois. La semaine à peine bouclée que voilà un autre syndicat qui entre en scène. Le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) appelle à son tour à un mouvement de protestation nationale le 10 novembre prochain. Les raisons ? Ça va de la surcharge des classes (40 à 50 élèves) dans 60% des établissements scolaires au manque d'encadrement pédagogique et administratif, en passant par la violence au sein des enceintes éducatives et la passivité, voire la fuite en avant, du ministère de l'Education. Encore une fois, la tutelle est pointée du doigt. Elle est sur le banc des accusés, sans présomption d'innocence. Le CLA la dit coupable d'incapacité à apporter des solutions concrètes. Pis, elle fuit ses responsabilités en les rejetant sur les autres, comprendre les syndicats, les enseignants, les travailleurs... Les accusations sont là et exigent donc une réponse du ministère, s'il entend dénouer la situation conflictuelle et désamorcer la bombe. Mais celle qui viendra n'est pas faite pour soulager la pression. La ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghebrit, dira que 80% des revendications des syndicats sont satisfaites et le reste le sera prochainement. Aussi, ces derniers n'ont-ils aucune raison de recourir à la protestation qui ne se justifie aucunement, soutient la ministre. Quant à l'Unpef qui a déjà opté pour le débrayage, elle en aurait eu pour son grade avec un taux de suivi d'à peine 2% à 3% à l'échelle nationale, selon Mme Benghebrit qui reste attachée au dialogue avec tous les partenaires sociaux pour débattre de tout problème ou revendication. Car, arguera la ministre, il est du devoir et de la responsabilité de tous de privilégier l'élève qui, avec «la crise grandissante que connaît l'école algérienne», n'a vraiment pas besoin de ces perturbations et cette instabilité. Mais les syndicats, du moins l'Unpef et le CLA, ne l'entendent pas de cette oreille. Pour eux, le dialogue prôné par le ministère ne répond pas à leurs attentes et revendications que la tutelle évacue avec légèreté en clamant à ceux qui veulent bien l'entendre et la croire qu'elle souhaite dialoguer avec les partenaires sociaux. Et ils promettent qu'ils sont prêts à remettre le couvert dans les mois à venir si rien ne vient qui les satisfasse d'ici-là. Tel que ça se présente, on va droit à une nouvelle guerre de tranchées, où les deux parties s'accuseront mutuellement d'être responsables, et, au milieu du champ de bataille, il y aura l'élève, la victime, quelle que soit l'issue de l'affrontement, le gagnant ou le perdant. H. G.