La faillite s'entamant évidemment à partir de l'école, le désastre est parachevé à hauteur de l'université où la politique du chiffre oblige les responsables (le qualificatif est quand même grandiloquent et à la limite indécent) situés sur l'ensemble de la chaîne hiérarchique de confirmer de leur paraphe la fin d'un cursus qui n'en en a jamais été. Cette réalité nationale n'est pas le propre de l'enseignement général puisqu'au jour d'aujourd'hui même dans les secteurs d'activités, réputés primaires ou activités artisanales, manuelles, la transmission des métiers ne se fait plus et si tant est qu'elle l'est, celle-ci est loin de répondre d'abord au minima du métier et donc à la satisfaction d'une demande qui n'est pourtant plus aussi exigeante qu'il y a un demi siècle et dramatiquement honore encore moins l'apprentissage séculaire et le savoir-faire d'une lignée d'hommes et de femmes qui en avaient hérité de leurs aïeux, qu'il s'agisse alors d'ébénisterie, de poterie, d'art culinaire, d'art de la construction etc. Mais pour cerner un tant soit peu cette défaillance littéralement concertée depuis une quarantaine d'années il faut également s'interroger sur le soudain intérêt des parties concernées à faire de la formation, une formation cuisinée à toutes les sauces, de toutes les circonstances, moments et occasions leur cheval de bataille alors qu'elle l'était de fait en des périodes où l'exigence ne se posait pas. C'est au lendemain de l'indépendance. Il est vrai que les Algériens de l'époque avaient, quelle que soit celle (formation) qu'ils ont reçu, retenue et consolidé le meilleur pour être à leur tour des formateurs à travers une transmission quasi naturelle à des apprenants . De son côté, le secteur de la formation professionnelle livrait au marché du travail ce qu'il avait comme les plus performants des apprentis et autres travailleurs manuels. Le plus surprenant reste tout aussi la politique initiée par le gouvernement à l'époque et qui consistait en le recours à des enseignants étrangers, plus particulièrement des pays de l'est de l'Europe et de Cuba en ce qui concerne les domaines scientifiques, techniques, pour la formation des futurs cadres locaux. Il n'y avait aucune astuce à cet appel à la solidarité de pays réputés frères que celle d'acquérir des connaissances à la hauteur des ambitions nationales et il ne suffisait parfois pour y arriver que de profiter d'une solidarité qui est quand même loin d'être désintéressée et pour cause une politique géostratégique sur laquelle il serait fastidieux de s'étaler, mais aussi par l'obligation s'il en faut quand la relation établie l'était dans le cadre d'un contrat intergouvernemental rétribué et qui plus est avec transfert de devises, ceci dans le cadre de ce qui était qualifiée «d'obligation de transfert de technologie». N'est-il pas honnête de souligner que les meilleurs chirurgiens, hydrauliciens, ingénieurs en aéronautique, officiers de marine, pilotes ont été formés par leurs homologues russes, bulgares et cubains et qu'à leur tour ces Algériens ont contribué à la formation d'autres étudiants jusqu'à tout ce que cela s'amenuise pour une raison ou une autre et notamment celle de l'instabilité politique. N'est-ce pas d'ailleurs également parce que cette stabilité est de retour pour que soit constaté un tel forcing sur la nécessité de songer à nouveau aux bienfaits de la formation. Sauf que pour y parvenir, il faut un dispositif digne de ce nom, ce qui est donc peu probable compte tenu du retrait pour cause de retraite notamment massive ces dernières années ou de départ vers l'étranger de ce que le pays disposait de quintessence humaine. L'organisation depuis quelques temps de séminaires et rencontres de courte et moyenne durée et le recours aux connaissances d'éminences étrangères renseigne sur l'état des lieux d'importants organismes, entreprises nationales stratégiques publics placés devant l'obligation de se mettre au diapason d'une mondialisation tous azimuts. A. L.