L'apport de l'industrie dans l'économie nationale demeure très faible pour ne pas dire insignifiant. Avec une moyenne de croissance économique qui est de 0,8% et une participation industrielle qui ne dépasse pas les 5%, l'Algérie se trouve parmi les pays les moins industrialisés dans le monde. Les pouvoirs publics se sont ainsi fixés l'objectif de relancer le secteur pour libérer le pays de sa dépendance quasi-totale des hydrocarbures. Des mesures ont été ainsi prises, dans le cadre du programme 2010-2014, pour tenter de réindustrialiser le pays, mais en ciblant les entreprises publiques (EPE) les plus importantes afin de créer un noyau dur. Des enveloppes colossales estimées en milliards de dinars ont été dégagées pour réanimer les entreprises nationales. Des dispositions privilégiant les entreprises nationales dans l'octroi des marchés publics ont été prises. À ces actions s'ajoutent la création d'un Fonds national d'investissement, la mise à niveau des PME/PMI, la création de 100 000 PME et la dotation de l'industrie d'un budget de 2 000 milliards de dinars. Néanmoins, en dépit de tous ces efforts, la situation du secteur ne s'est vraiment pas améliorée. Les experts expliquent une telle situation par l'absence d'une véritable stratégie industrielle. L'exécutif de Sellal, qui semble déterminé à sortir le secteur de sa léthargie, est venu avec une nouvelle approche. L'on parle aujourd'hui d'une «stratégie industrielle intégrée». Selon le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, le projet de relance industrielle en Algérie est essentiellement destiné à moderniser, harmoniser et intégrer le tissu industriel national et à le porter aux standards internationaux d'excellence et de compétitivité. La gouvernance des entreprises figure parmi les axes de ce nouveau projet à travers des actions d'incitation, de régulation et d'organisation ainsi que l'adaptation de la réglementation en cours, précise le ministre. La nouvelle approche des pouvoirs publics en matière de relance et de développement industriel porte également sur la promotion de l'économie numérique, la mise en place d'instruments et modes de financements flexibles et modernes et l'encouragement de l'excellence et de l'innovation. Il s'agit aussi de faciliter la création d'entreprises, d'améliorer l'attractivité de l'Algérie pour les investisseurs étrangers et d'encourager la délocalisation d'entreprises internationales de référence vers l'Algérie, précise encore M. Bouchouareb. À cet effet, une dizaine de secteurs «à fortes synergies» sont identifiés pour la mise en œuvre de cette nouvelle politique, à savoir l'industrie automobile et mécanique, la pharmacie et l'industrie chimique et pétrochimique, le traitement de l'eau et l'environnement, l'industrie agroalimentaire, le transport ferroviaire, l'industrie textile et le Btph. Mais pour mener à bien la nouvelle politique industrielle, les économistes et les chefs d'entreprise croient fort qu'il est impératif pour le gouvernement de rendre le système de l'investissement plus «convivial», en particulier pour les entreprises nationales. C'est dire combien il est urgent de rendre effectives les mesures nécessaires pour que les objectifs de cette stratégie de développement industriel permettent de renforcer la croissance et la sphère macroéconomique. Une stratégie économique globale qui devra en principe être l'élément essentiel d'une politique nationale générale tendant à faire de l'Algérie une économie émergente. À ce propos, le ministre de l'Industrie et des Mines se veut optimiste : «L'Algérie présente toutes les caractéristiques pour figurer dans un horizon proche parmi les pays émergents et le rôle de l'industrie est de donner corps à cette ambition.» Il importe de rappeler, à ce titre que le gouvernement de M. Sellal table sur un taux de croissance de 7% à l'horizon 2019. B. A.