Photos : Riad De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Le complexe de la C-TO (ex-Cotitex) créé en 1967 s'étale sur une superficie de 28 hectares, des terres fertiles et naturellement à vocation agricole. Un choix d'assiette, au même titre que l'implantation de beaucoup d'autres zones usines et zones industrielles, à l'époque de l'«industrie industrialisante» des années 1970 qui n'augure rien de bon pour le pays. Située à une dizaine de kilomètres à l'ouest du chef-lieu de wilaya, la C-TO est spécialisée dans la filature, le tissage, le finissage et autres activités annexes. Elle constituait avec l'ENIEM (électroménager) et l'ENEL (électro-industrie) la fierté de l'industrie régionale et absorbait une main d'œuvre assez importante. Au début des années 1980, l'usine, qui employait 5 117 travailleurs, et une masse salariale de 7 milliards de centimes, était en pleine expansion et se garnit par conséquent d'une deuxième filature et d'un deuxième tissage dans le cadre de son extension. «La C-TO était un pôle économique important, aussi bien pour la Kabylie que pour l'Algérie», confirme M. Ali Tamadjiat, nouveau secrétaire général de la section syndicale de l'entreprise. Les premiers passages à vide de la C-TO ont commencé à partir de la fin des années 1980 avec la restructuration des entreprises nationales. Cotitex verra la mise en place, à l'échelle nationale, de pas moins de 14 directions générales, selon le syndicat, qui parle de «malaise et de crises» qui font leur entrée dans la vie de la C-TO. «A partir de 1984, l'entreprise commençait à ressentir les effets négatifs de la politique de restructuration ; les charges avaient sensiblement augmenté et les aléas du marché devenaient de plus en plus incontrôlables, très difficiles à gérer», commentent Ahcène Bouayad et Hamid Cherfi, membres du syndicat. La décennie 1990-2000 constituait une période noire tout aussi bien pour la C-TO que pour les autres entreprises algériennes. M. Tamadjiat qualifie la politique d'autonomie des entreprises publiques, adoptée à l'époque, de «véritable système de liquidation à un sou» des entreprises qui pouvaient être facilement redressées et mise à niveau avec un minimum de volonté politique. «L'autonomie des entreprises, doublée du plan du redressement, avait mis la C-TO dans une situation de crise ; le marché se rétrécissait, c'était l'asphyxie», se souvient le syndicaliste. Malgré cette situation critique, la C-TO acquiert de Belgique en 1993, en termes d'investissements, un métier à tisser de dernière génération. Un investissement qui ne signifiait pas grand- chose devant la déliquescence économique de l'usine, qui sombrait de plus en plus dans l'abîme de la faillite financière et économique. Le «volet social», pour ne pas dire dilapidation subtile des moyens humains, et la mise à l'arrêt des outils de production en 1997, étaient ressenties comme «une gigantesque opération de dégraissage, un tremblement de terre» par les travailleurs, note le secrétaire général du syndicat. En effet, plus de 1 000 ouvriers (entre départ volontaire et retraite anticipée) étaient contraints de quitter leur poste. En 2001, alors que les événements de Kabylie étaient à leur paroxysme, les dirigeants engagent un processus de liquidation de la C-TO. Avec 3 000 travailleurs et un capital de 150 milliards de centimes, un effectif de 2 000 travailleurs de Cotitex a été redéployé vers la C-TO qui venait d'être ainsi créée. De 2002 à 2003, à cause des méventes enregistrées (marché saturé, concurrence déloyale… etc.), l'usine a cumulé un stock de 7 millions de mètres linéaires et les gestionnaires n'ont pas trouvé mieux que de vendre à 10 DA le mètre linéaire des tissus qui coûtaient entre 60 et 190 DA. La C-TO est contrainte de fermer le tissage 2 et la filature 2 en 2005. En juin 2008, en raison d'un autre volet social, c'est carrément le «blocage» avec les conséquences suivantes : révision à la baisse dans la notification par rapport à 2006, retards dans le virement des salaires, en plus de l'abandon des préoccupation par le syndicat en exercice à cette période qui n'aurait pas pris en charge les revendications et sa non représentativité parmi les membres de l'assemblée générale de la C-TO. «Nous avons par conséquent décidé de retirer notre confiance à l'ancienne équipe syndicale, en décalage avec les préoccupations des travailleurs et procédé au renouvellement de la composante du syndicat le 28 septembre 2008, suivi d'une adhésion massive à sa structure», affirment les nouveaux membres du syndicat, «malgré les appréhensions», mais aussi par une note d'espoir, suite à l'octroi, en cette année 2009, d'une ligne de crédit bancaire pour un approvisionnement en matières premières et en pièces de rechange.