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De la protestation au… statu quo ?
Cotonnière de Draa Ben Khedda
Publié dans La Tribune le 06 - 10 - 2008


Photo : Riad
De notre correspondant à Tizi Ouzou
Lakhdar Siad
Des chômages techniques aux grèves et actions de protestation répétées à Tizi Ouzou comme à Alger en
passant par les conflits paralysants entre salariés et leur section syndicale, les travailleurs de la Cotonnière de Draa Ben Khedda, wilaya de Tizi Ouzou (CTO, ex-Cotitex) continuent de naviguer à vue avec la menace de fermeture à tout moment en dépit des solutions de sortie de crise qu'avancent syndicalistes et ouvriers à l'endroit des autorités et de leur tutelle, la SGP-IM. Déjà le 18 septembre 2006, les travailleurs ont eu recours au blocage de l'axe autoroutier principal de la région, à savoir la RN 12 pour exiger le paiement de deux mois d'arriérés de salaires et l'approvisionnement en matières premières. Une action qui n'a eu pour effet que la mise en chômage technique des 1 024 travailleurs (il en reste actuellement seulement 618 entre permanents et temporaires) jusqu'au 31 mars 2007. A ce moment, tout le monde a deviné qu'il ne s'agissait que d'un «moyen subtil» de fermer l'entreprise dont la notoriété suscite toujours les appétits des repreneurs de tous bords. Les aléas de la réalité économique du pays sont ressentis par la C-TO qui n'en peut plus devant la concurrence «déloyale» que lui font les importateurs des produits textiles, notamment de Chine et de Turquie, accentuée par le «refus» des banques de l'accompagner par des crédits dans ses plans de sortie de la zone rouge sachant que
l'entreprise vivotait grâce aux prêts en matières premières cédés par d'autres filiales du groupe.
Au 31 novembre 2006, la C-TO cumulait 255, 366 millions de dinars de dettes contre 1, 049 milliard de dinars de créances. Les travailleurs sont restés des mois sans percevoir un centime de leur «misérable» revenu et attendent les «promesses» d'assainissement financier par le groupe mère, la SGP-IM. Le constat est amer mais les délégués syndicaux ne baissent pas les bras et ont déjà par le passé situé les raisons des «blocages». «La
situation préoccupante dans laquelle se débat la CTA n'est pas une fatalité. C'est une situation bel et bien orchestrée par les pouvoirs publics à l'effet de la pousser à la fermeture pure et simple» écrivaient les travailleurs à la tutelle et dénonçaient «une stratégie de mise à genoux du complexe» et les tergiversations des banques qui refusent l'octroi de crédits et la non-tenue de la promesse de la SGP relative avec l'octroi de matières premières durant l'année écoulée (2007).
La situation globale de la C-TO est exacerbée par la «guerre» de représentativité que livraient pendant des mois les travailleurs à la section syndicale locale UGTA de Draa Ben Khedda. Des actions radicales ont été décidées pour déloger les membres de ladite section dont il réclamait la dissolution pure et simple.
Une revendication qui sera concrétisée il y a environ un mois. «Nous avons mis fin aux missions de la section syndicale ainsi que celles de l'ancien comité de participation [CP] ; leur prise en charge de nos doléances socioprofessionnelles n'a satisfait personne, en tout cas pas les travailleurs qui se débattent depuis des années dans des problèmes énormes liés au non-payement des salaires des mois durant et un pourrissement qui ne dit pas son nom et qui va dans le sens de la fermeture de la C-TO», a déclaré cette semaine M. Mourad Bounoua,
employé proche de la nouvelle délégation syndicale de la C-TO de Draa Ben Khedda. Il affirme qu'un nouveau comité de participation sera élu prochainement pour «mieux défendre nos revendications». Parmi les urgences de l'entreprise, on citera le remplacement des travailleurs partis en retraite par d'autres même à titre temporaire pour permettre le fonctionnement ordinaire des ateliers. Une demande qui ne risque pas de trouver pour le moment une oreille attentive en l'absence d'une vision claire qui domine les sphères de l'économie du pays.
Cela dit, les travailleurs n'ont rien contre la privatisation, selon notre interlocuteur, à condition que celle-ci se déroule «dans l'intérêt des salariés», citant l'exemple de Lala Khedidja (eau minérale) de Agouni Gueghrane (daïra de Ouadhias) reprise par le patron du groupe Cevital, Issad Rebrab. «Si jamais un privé s'engageait à garder l'effectif actuel des travailleurs et à le multiplier dans des délais raisonnables, nous sommes évidemment d'accord pour discuter avec lui dans la transparence ; aussi, si des privés se présentaient et suggéraient la reprise de la C-TO avec un changement de la nature de ses activités, nous sommes aussi prêts à étudier leurs propositions et à en débattre en assemblée générale de tous les travailleurs», ajoute notre source. La
C-TO a-t-elle des chances d'être sauvée ?


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