A. Lemili Cohue incessante depuis près d'une dizaine de jours dans toutes les agences de poste de la ville du Khroub. Motif ? Coupures inopinées du téléphone de l'ensemble des usagers du téléphone fixe. Motif, encore ? Redevances bimestrielles non acquittées dans les délais impartis. Encore eut-il fallu toutefois que ces factures leur soient parvenues, car en aucun cas de tous les abonnés qui faisaient la chaîne, pour certains depuis plus de deux heures, aucun ne s'est vu remettre comme il se fait habituellement la facture. Nous avons posé la question à un cadre qui concède les torts faits à la clientèle tout en pointant l'index sur les services d'Algérie Poste qui «n'auraient pas acheminé le courrier pour des raisons dont nous n'avons aucune connaissance». Une explication, quelque part plausible, nous est fournie par un autre agent : «En fait depuis que la sous-traitance de la distribution d'une certaine partie du courrier fait partie des meubles internes, celle-ci (distribution) se fait au petit bonheur la chance. À titre d'exemple, les agents chargés de remettre la facture de redevance téléphonique ne le font jamais en mains propres, mais en glissant l'ensemble du courrier des usagers d'un même immeuble dans l'une des boîtes aux lettres qui s'offrent à eux. Comme les habitudes ne sont plus ce qu'elles étaient, il relève de la gageure de trouver l'équivalent des locataires en boîtes aux lettres. Du coup, au lieu de retourner le courrier ou sinon de prendre sur soi en grimpant quelques étages pour une remise en bonne et due forme à chaque abonné, tout agent procède à ce que nous disions précédemment.» La notion de service public qui consiste en un traitement, si ce n'est à hauteur de l'institution et du professionnalisme des fonctionnaires, au moins humain des usagers est totalement galvaudé et il ne s'en trouvera pas un seul client de la poste et ses excroissances sous toutes leurs formes qui vous affirmera le contraire. Ce tableau noir est visible donc depuis une dizaine de jours est, au-delà des mésaventures évoquées, noirci par l'argument béton sorti à chaque fois par les agents au guichet : «arrêt du système». À cet instant, tout abonné est face à un choix cornélien : attendre que le système soit rétabli ou rentrer chez lui après une attente qui aura duré dans le meilleur des cas deux heures. Pour ceux qui font le choix de rester sur place, ils peuvent profiter de la magnanimité de ceux qui partent et qui, de ce fait, les font profiter de la proximité du numéro de leur ticket d'attente. A. L.