Photo : A. lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili L'histoire amuse plus qu'elle n'agace les Constantinois qui, au fur et à mesure, prennent connaissance de l'affaire opposant deux prestataires de service public, Algérie Télécom et Algérie Poste. Mais les bisbilles qui opposent les deux géants de la poste risquent de tourner au désavantage des abonnés du téléphone une fois dépassé le délai d'acquittement autorisé de la facture bimestriel .C'est l'argument sur lequel repose le raisonnement de Hamid L., un abonné dont la facture représentant la période mai/juin établie le 9 juillet ne lui a été remise que le 20 pour un règlement avant le 30 du même mois. Le même abonné nous dira :«J'ai été un peu étonné de voir qu'à la place du facteur habituel ce soit une autre personne qui, en l'absence de boîte aux lettres nominative, avait toutes les difficultés à identifier les abonnés et d'autorité décidé de s'en retourner sans service fait et qui peut-être aurait affirmé le contraire à son employeur.» Cette hypothèse n'est pas farfelue dans la mesure où à hauteur de l'un des immenses immeubles de la cité Bel Air, H.R., cadre de Sonatrach, nous dira également son étonnement face «à un homme désemparé, s'échinant à remettre des factures de téléphone à leurs destinataires. J'en ai récupéré une vingtaine et rassuré le bonhomme en lui disant que je me chargeais de les remettre à mes voisins. Mais ce qui m'avait le plus étonné était que le document essentiel n'était pas contenu dans son enveloppe habituelle, ce qui est quand même paradoxal compte tenu du fait que l'anonymat d'un tel courrier devrait obligatoirement être préservé». Effectivement, nous saurons que les factures ont été distribuées «nues» et dans la majorité des cas remises à des voisins promus intermédiaires. Que s'est-il passé dans et entre deux établissements publics pour que la situation en arrive à ce point ? La réponse nous est donnée par certains de leurs cadres : «Il y a effectivement problème. Habituellement, Algérie Poste, dans le cadre d'une convention, s'était vu confier la distribution du courrier d'Algérie Télécom. Ce serait en raison du non-respect des dispositions de cette convention qu'Algérie Télécom a décidé de se passer de la prestation d'Algérie Poste. Cette raison serait financière et consisterait en le retard de paiement d'un bimestre (mars-avril), voire de deux. Il y a lieu de souligner que cette prestation se chiffre sur lesdites périodes en milliards de centimes.» A. F., un autre cadre d'Algérie Poste, ajoutera pour sa part : «C'est malheureusement une réalité, il s'agit bel et bien, toutes natures confondues, des agents d'Algérie Telecom qui procèdent à la distribution des factures. Je vous dirai mieux : nous avons appris qu'Algérie Poste accordait à chaque agent une ristourne sur chaque facture, selon ce que nous savons, 10 DA pour un courrier remis. Même les techniciens, les mécaniciens, ont été mis à contribution. En fait, tout le monde a trouvé matière et raison à y gagner.» Enfin, K. S. trouve une certaine gravité à la situation dans la mesure «où il est anormal de remettre, comme ça a été le cas en majorité, des factures dont la confidentialité ne serait pas protégée par une enveloppe ou encore de les remettre à des enfants du quartier réputés et pour cause de voisinage connaître leurs destinataires et, par voie de conséquence, les aléas d'une telle démarche qui ne pénaliserait en réalité que l'abonné qui ne recevrait pas sa facture». Situation ubuesque en somme en attendant la fin de cette histoire.