Le Maroc vient de recevoir la première sanction de la Confédération africaine de football (CAF) pour son refus d'organiser la Coupe d'Afrique des Nations (CAN-2015) aux dates fixées. Le Comité exécutif de la CAF a décidé de disqualifier automatiquement le Maroc de la CAN-2015. Le Maroc, qui devait accueillir le tournoi, avait demandé à plusieurs reprises à la CAF le report de la CAN, en avançant le prétexte fallacieux de l'épidémie d'Ebola. Mais l'instance continentale de football, considérant, à juste titre, l'argument avancé irrecevable, a exclu le report. Rabat n'en démordra pas et s'obstine. Le Palais ne peut se dédier et plier devant les exigences de la CAF. Le roi perdrait la face devant ses sujets, d'autant plus qu'en acceptant d'organiser la CAN-2015, il courrait le risque de voir défiler dans les rues des villes marocaines des milliers de supporters des Verts brandissant le drapeau algérien -qu'un de ses sujets a impunément insulté. Il y a de quoi verdir de rage. Et rougir de honte si d'aventure il devait, en plus, remettre la coupe aux Algériens, qui sont bien partis pour figurer dans le dernier carré. Il préférerait faire endosser à son pays toutes les sanctions et payer toutes les amendes que de devoir subir de tels «affronts» de la part d'un pays qu'il passe son temps à diaboliser, l'accusant d'être la cause et la source de tous ses maux, y compris son bras-de-fer avec la CAF ! Mais les faits sont têtus et l'histoire est là pour témoigner. C'est le Maroc qui a toujours agressé, même militairement (la guerre des sables) l'Algérie, et continue de le faire, dans ses discours, à travers sa presse, par la fermeture des frontières, avec la drogue dont il inonde le pays... Quant à l'Algérie, elle ne fait que réagir, en privilégiant systématiquement la voie diplomatique. Que le Makhzen cite un seul cas d'agression dont se serait rendue coupable Alger qui a toujours plaidé pour l'application et le respect du droit international dans le règlement de tous les différends, dont la question sahraouie où Rabat s'obstine à placer l'Algérie comme partie prenante. En fait, la marocanité du Sahara occidental est le liant par lequel le roi maintient la cohésion sociale et les équilibres internes qui lui permettent de gouverner, et l'Algérie est son «déversoir» de toute la colère que les mauvaises conditions socioéconomiques produiraient, c'est la soupape de soulagement quand la pression des revendications se fait trop forte. L'Algérie n'est pas l'ennemie du Maroc. Il n'en a nul besoin. Il l'est suffisamment pour lui-même. C'est Rabat qui a décidé de claquer la porte de la défunte Organisation de l'unité africaine (OUA) en 1984 pour protester contre sa décision d'intégrer en son sein la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). En 2002, quand l'OUA est dissoute pour être remplacée par l'Union Africaine (UA), le Makhzen maintient sa position vis-à-vis de l'organisation panafricaine, pour le même prétexte. Le Maroc, qui avait déjà refusé, en 1960, de reconnaître l'indépendance de la Mauritanie, considérant qu'elle faisait partie du «Grand Maroc» (ça nous rappelle le projet colonialiste du «Grand Israël») morcelé par la colonisation, et, en 1962, les frontières avec l'Algérie, n'a jamais admis que son projet d'annexion du Sahara occidental soit remis en cause, quitte à se brouiller avec tout le continent africain. Il défie l'UA en tant qu'organisation, mais travaille en parallèle à renforcer sa coopération avec tous les pays africains qui l'acceptent, car un pays «ami» sera un soutien, voire un coin fiché, au sein de l'Unité. Le Palais ne rate aucun sommet de l'UA pour travailler dans les coulisses à faire avancer ses pions en faveur de son seul plan d'autonomie du Sahara occidental qu'il défend, avec l'eternel soutien de la France, même s'il va à l'encontre des résolutions de l'ONU. Et s'il a choisi de se mettre au ban de tout un continent, sans aucune considération pour les peuples africains, s'il a transgressé toutes les lois du droit international et des droits de l'Homme pour ne pas décoloniser le Sahara occidental, ce n'est certainement pour devoir accueillir, chez lui, une CAN qui permettrait au drapeau du pays qu'il accuse de soutenir le Sahara occidental de flotter dans ses rues et ses stades, ce serait se faire harakiri. H. G.