Le trafic ferroviaire a repris à 100% sur le réseau d'Alger, mercredi dernier. Plus exactement à 15h. Ainsi donc, et fort heureusement, la grève des travailleurs des services des gares, ceux des trains, les sédentaires du dépôt d'Alger et le service Bpml Rouiba, n'aura duré que l'équivalent d'une journée. De la veille (mardi) à 15h jusqu'à mercredi à 15h. L'engagement de la tutelle à verser les salaires au plus tard à cette heure-ci a été respecté et les grévistes ont tout bonnement repris le travail. «Dommage qu'on nous pousse ainsi à provoquer des perturbations sur le réseau, alors que notre problème se règle en quelques heures!», lance Abdelhak Bou Mansour, le secrétaire général de la section syndicale d'Agha, au nom de ses collègues. Il assure que ce n'est pas de gaieté de cœur que les cheminots recourent à ce procédé qui porte grand préjudice à la Sntf : «Nous avons 200 000 voyageurs par jour sur tout le réseau. Ce n'est pas un chiffre dérisoire. Cette grève est dommageable pour les voyageurs qui se retrouvent obligés de recourir à d'autres moyens de transport, alors que le nôtre est le plus commode, et elle l'est pour l'entreprise qui perd beaucoup d'argent. Nous en sommes conscients, nous le regrettons sincèrement, mais c'est à nos responsables d'assumer l'entière responsabilité.» Ces travailleurs étaient privés de leur salaire pendant 12 jours. Pour ce qui est des conducteurs qui étaient les premiers à appeler au mouvement contestataire, la veille, avant qu'ils ne le suspendent le lendemain, rien n'a filtré au sujet de leur accord avec la tutelle. Ces derniers auraient bloqué le trafic ferroviaire pour exprimer leur solidarité avec leur collègue mis en cause dans le déraillement du train Alger-Thénia, à la gare de Hussein Dey, faisant un mort et près d'une centaine de blessés. En marge d'une séance plénière, consacrée aux questions orales à l'APN, le ministre des Transports, Amar Ghoul, sans le dire clairement, a rejeté l'accusation portée à l'encontre du conducteur et l'hypothèse de l'erreur humaine. «L'enquête en cours n'a pas encore déterminé les causes et responsabilités», a-t-il déclaré à la presse. «L'enquête technique basée sur les analyses des enregistreurs des données de circulation (boîtes noires) du train a démontré que le train roulait au moment de son engagement sur la voie déviée à une vitesse de 108 km/h, alors que la vitesse requise sur une voie déviée est limitée à 30km/h», a-t-il repris. Et de poursuivre : «Ces données ont été transmises au Premier ministère et au ministère des Transports.» Il n'en demeure pas moins, soutient le premier responsable du secteur des Transports, que «les trois enquêtes en cours (technique, judiciaire et celle relative à la gestion) n'ont pas encore déterminé la nature de la défaillance. Les commissions d'enquête sont à pied d'œuvre pour déterminer rapidement les causes de cet accident en vue de prendre les mesures nécessaires à même d'éviter que pareille situation ne se reproduise». Autrement dit, l'erreur humaine, et plus précisément celle du conducteur, n'est pas établie. Du moins pour le moment. Et le ministre d'insister : «L'enquête doit se poursuivre loin de toute pression et sans aucun préjudice à l'aspect juridique. Les personnes en charge de l'enquête sont les seules habilitées à en révéler les résultats.» K. M.