Réhabilitation de l'Etat et ses fonctions pérennes. Primauté de la loi et prépondérance de l'action politique. C'est le remède que suggère Mouloud Hamrouche contre les impasses dans lesquelles se trouve, plus que jamais, le pays. Mouloud Hamrouche était invité, hier, à El Oued, par l'Association nationale de la ligue de Novembre 54 pour animer une conférence sous le thème «Les constantes nationales et les exigences de la démocratie». Sur l'intitulé de la conférence, M. Hamrouche n'a pas hésité à reprocher un préjugé (ou une idée reçue) à la formulation du thème. Car cette formulation suggère, notera-t-il, qu'il y aurait «une contradiction», sinon une opposition entre les deux principes. Or, tranchera-t-il, «l'Etat-Nation ne peut être que démocratique». Il déclare, à ce propos, qu'un «peuple qui n'est pas libre ne peut pas construire un Etat». Raison ainsi, pour le conférencier de soutenir que l'Etat national ne peut être bâti sans les libertés. S'agissant de l'actualité du pays, M. Hamrouche établit un constat des plus inquiétant sur la situation de l'Algérie jusqu'à s'interroger si nous sommes «un peuple unique ?». Et de mettre le doigt sur la plaie attestant «notre incapacité à gouverner le pays tout en respectant les droits et les libertés des citoyens et la souveraineté de la société». Pourtant, avertit l'invité, «le non respect des droits conduit à des révoltes et à des instabilités». Un scénario qui n'arrive pas qu'aux autres ! Définissant, dans ce sens, priorités et urgences, l'ancien chef de gouvernement soutient que «l'urgence n'est pas à l'affaiblissement du pouvoir, des partis, ni à l'implosion des oppositions. Elle n'est pas, non plus, au maintien du statu quo, ni à ramener un passé révolu. Car la désaffection et le discrédit sont réels». Mouloud Hamrouche ajoute que «l'urgence est à la réhabilitation de l'Etat et ses fonctions pérennes, à la primauté de la loi et à la prépondérance de l'action politique». Mais avant de désigner les priorités de l'heure, l'invité d'El Oued est revenu sur le consensus comme voie de résolution de la crise de l'exercice du pouvoir. Pour M. Hamrouche, «la voie du consensus signifie que toute proposition, d'où qu'elle vienne, d'un parti, du pouvoir ou de l'opposition, dans sa diversité, n'est qu'une contribution parmi tant d'autres. Elle ne doit pas s'inscrire dans une logique de compétition liée à des échéances politiques mais converger pour sortir le pays de ses impasses. L'objectif, in fine, est comment mettre un terme aux cycles de la violence et éviter de rentrer, à nouveau, dans une instabilité politique et sécuritaire». S'agissant toujours de la construction de consensus, l'intervenant déclare que «les partis ne peuvent pas, quelles que soient leurs attitudes et leurs positions, à eux seuls, construire un consensus national, garantir sa mise en œuvre et lui assurer une stabilité». Le diagnostic qu'établit M. Hamrouche à l'assistance présente à la Maison de la culture d'El Oued, ne manque pas d'avertissements quant au fonctionnement des institutions. D'ou l'impératif d'aller vers un autre mode de gouvernance. L'ancien chef de gouvernement sous le défunt président Chadli Bendjedid, estime, à ce propos, que «notre gouvernance s'épuise dans une crise coriace malgré les efforts et les sacrifices consentis», relevant que «l'impasse touche aujourd'hui tous les espaces, économique, social, administratif et politique, y compris les partis». Evoquant l'actualité politique du pays, M. Hamrouche note que «les dernières évolutions en matière de positions, de concertations et de prix énergétiques, démontrent l'extrême fragilité qui caractérise notre système, le gouvernement, les partis et l'économie nationale». A. Y.