Ziad Abdelhadi Jusqu'ici il faut croire que la mise en conformité de la production chez beaucoup d'entreprises n'est pas assez prise au sérieux. Cela est peut-être dû au fait que dans beaucoup de secteurs d'activités la concurrence n'est pas assez rude pour ne pas dire quasi absente et, du coup, certains patrons relèguent à plus tard une correction de la qualité, tandis que d'autres croient qu'ils ne sont pas concernés dans la mesure où leur volume de vente n'accuse pas de recul. Pis encore, il fait parfois l'objet de croissance. Ce désintéressement à la conformité va sans nul doute changer lorsque les barrières tarifaires douanières vont commencer à être revues à la baisse pour finir par disparaître à l'horizon 2020, comme il est exigé dans l'Accord d'association de l'Algérie avec l'Union européenne. Une échéance à laquelle doivent se préparer les entreprises publiques et privées, du moins celles qui s'inscrivent dans la durée, car on peut avancer que certaines entreprises vont préférer cesser toute activité, ayant admis par là qu'elles ne pourront faire le poids devant des concurrents plus enclins à mettre en valeur leur savoir-faire. À noter par ailleurs que, parmi la population d'entreprises, des centaines sont déjà dans la tourmente à l'approche de l'échéance du démantèlement des barrières tarifaires. Cela se comprend, dès lors où ces dernières ne se sentent pas aptes à s'inscrire dans la mise en conformité, d'autant plus que leurs patrons jugent que la mise à exécution d'une telle démarche dans un échéancier trop serré n'est que peine perdue. Allant même jusqu'à dire que «les difficultés qui surgiront dans cette perspective auront tendance à augmenter au lieu de diminuer». Une approche que l'on peut partager car, pour un industriel qui ne dispose d'aucune idée ou expérience dans le domaine de la conformité et de la normalisation, c'est déjà une prouesse que de s'engager dans la démarche de la conformité aux standards internationaux. Et pourtant la normalisation n'est pas une obligation. La formule reste volontariste. «C'est pourquoi la participation des entreprises à ce processus reste très faible», indique-t-on du côté de l'Institut algérien de normalisation (Ianor). Au sein de cet institut on ne désespère pas pour autant. Pour changer la donne, l'établissement a demandé au ministère du Commerce d'interdire la vente de produits non certifiés et de rendre la normalisation obligatoire. Dans ce contexte la responsable de l'Ianor, Mme Ratiba Chibani, avait demandé dans une de ses sorties médiatiques, le retrait pur et simple des produits qui ne répondent à aucune norme. «Il faut retirer du marché les produits qui ne se conforment pas aux normes», soutiendra-t-elle. Pour ce faire, «les pouvoirs publics doivent assumer leur rôle d'autorité de surveillance», avait ajouté la première responsable de l'Ianor. En d'autres termes, il s'agira d'obliger les entreprises à appliquer les normes en vigueur, au risque de voir leurs produits interdits de vente. Dans cet ordre d'idées, il est utile de rappeler que, selon les estimations données par la secrétaire générale du ministère de l'Industrie et des Mines, Mme Rabea Kherfi, sur les 7 500 normes adoptées par l'Algérie, seulement 10% sont appliquées. La responsable reconnaît toutefois que ce faible taux résulte de l'insuffisance des actions engagées par le Comité national de normalisation, c'est pourquoi elle a appelé, lors d'un séminaire sur la question qui s'est tenu récemment à Alger, à renforcer la présence des comités techniques de normalisation au sein des entreprises. Une initiative des plus impératives, car, d'après la SG, «même si les systèmes normatifs, actuellement en vigueur, étaient variés et complexes, l'appareil de production national est tenu à les maîtriser pour assurer la survie» de l'économie algérienne et la compétitivité des produits nationaux sur les marchés internationaux. «Nous sommes actuellement en phase d'apprentissage de nos normes et de leurs mises en conformité aux standards internationaux imposés par les grandes firmes privées», avait souligné Mme Kherfi. À la lumière de ce qui a été souligné, on peut dire que pour sauvegarder notre économie nationale et la mettre à niveau pour rendre notre production capable de soutenir la concurrence des produits étrangers, il y a lieu d'atteindre le niveau international. L'objectif est à la portée de nos opérateurs, à condition qu'ils arrivent dans l'urgence à corriger la non-conformité et éliminer les écarts en rapport avec ce qui se fait à l'échelle mondiale. Z. A.