Mohamed Rahmani Les effondrements de vieilles bâtisses sont devenus fréquents à Annaba, principalement dans la vieille ville qui enregistre presque chaque mois des incidents de ce type. Des familles qui se retrouvent à la rue du jour au lendemain, des habitants qui vivent dans la peur de voir leurs maisons s'effondrer pendant leur sommeil. Un danger permanent qu'on gère au jour le jour sans pouvoir s'en affranchir, car n'ayant pas d'autre alternative que d'accepter cette situation à risques, une sorte d'épée de Damoclès qui pend au dessus des têtes des habitants. En effet, sur les 13 045 constructions vétustes recensées et nécessitant une intervention pour restauration, la vieille ville qui s'étend sur 17 hectares en compte à elle seule 2 728. La plupart de ces constructions menacent ruine, s'effondrant particulièrement pendant l'hiver, saison durant laquelle pluies et vents favorisent ces écroulements dramatiques. Le reste de ces constructions est réparti sur différents sites, entre autres La Colonne, Béni M'haffer, Sid Brahim, le Cours de la Révolution, Belaïd-Belkacem, Didouche-Mourad, Oued D'Hab et la cité Seybouse. Chacun de ces quartiers compte à lui seul plus d'un millier de constructions vétustes recensées et inscrites pour une opération de restauration qui tarde à venir ; les effondrements, eux, n'attendent pas. En effet chaque immeuble qui s'écroule, chaque maison traditionnelle qui «tombe» c'est un pan entier du patrimoine historique qui s'en va et est effacé de la mémoire collective. Car l'édifice, encore debout, bien mieux que le livre ou l'image, parce que présent et s'imposant à tout le monde, habitants des lieux, passants, visiteurs et touristes, rappelle à tous, l'histoire, la civilisation et la culture de nos ancêtres. La disparition de ces vestiges est une perte incommensurable. La décision de restaurer ces vieilles bâtisses venue sur le tard, le temps de mettre en place les textes réglementaires spécifiques, le recensement de ces habitations, le lancement des appels d'offres, la désignation des bureaux d'études, l'approbation de ces études par les responsables et enfin le lancement des travaux prend beaucoup de temps. Beaucoup de temps dont ces vieilles constructions ne disposent pas puisqu'entre temps certaines d'entre elles disparaîtront. «Il est vrai que l'opération prend beaucoup de temps et ce n'est pas tant les formalités administratives qui retardent l'opération, c'est surtout l'étude qui doit se réaliser sur toutes les vieilles bâtisses pour une réhabilitation et une restauration qui devra respecter le caractère patrimonial de ces sites pour qu'ils conservent leur identité propre. Ces vieilles constructions sont des témoignages concrets et palpables de notre civilisation, il s'agit de les préserver et les protéger», nous a confié un expert rencontré à l'Office communal de réhabilitation du vieux bâti à Annaba (Ocrava). Au niveau national, 10 milliards de dinars ont été consacrés pour la restauration du vieux bâti dans les principales villes du pays, Alger, Oran, Constantine et Annaba. Pour cette dernière, un milliard de dinars a été alloué par les pouvoirs publics pour l'opération qui, normalement, aurait dû démarrer fin 2013. Mais les retards enregistrés au niveau des études, qui ont pris 18 mois, ont fait que les travaux n'ont toujours pas été lancés. Un deuxième avis d'appel d'offres national a été lancé et un cahier des charges a été élaboré. A ce jour, exceptés les travaux de réhabilitation de Dar El Kadi, située dans la vieille ville, de la mosquée Abou Marouane et la mosquée El Bey, aucune opération de restauration n'a été entamée et l'on attend toujours. M. R.