L'association des amis de la vieille ville de Annaba lance un appel de détresse en direction des autorités locales pour signaler l'extrême urgence des travaux de restauration à entreprendre au niveau de la médina. La place d'armes, quartier du centre de la ville, dont elle est partie intégrante, est, en effet, en train de crouler sous le poids des ans. Le danger immédiat réside dans le fait que certaines des habitations qui la constituent risquent à chaque instant de s'effondrer et d'ensevelir sous leurs gravats des familles entières. La menace a été signalée depuis longue date par ladite association, mais on n'a enregistré jusqu'ici que des réactions timides de la part de la municipalité et de la wilaya. Il est vrai que l'effort de préservation et de réhabilitation du patrimoine immobilier de la place d'armes nécessite des fonds importants, la majeure partie des habitations datant de plus de deux siècles. Il est également vrai que pour ce faire il aurait fallu déloger leurs occupants, dont certains ont hérité des lieux de père en fils depuis des générations. L'office communal de restauration et d'aménagement de la vieille ville de Annaba (Ocrava), en vue justement de la préservation et la réhabilitation de ce site afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle économique, culturel et touristique, a donné des preuves de sa mobilisation à cet effet, mais sa mission est si ardue qu'elle paraît impossible. La vieille ville s'étale, en effet, sur une superficie de 15 hectares et compte 655 vieilles bâtisses dont certaines conservent encore leur aspect architectural arabo-islamique. Il faut noter que sur l'ensemble des habitations en question, 204 pourraient être restaurées mais à des coûts trop élevés pour l'office seul, alors que 57 menacent irrémédiablement ruine et devront être totalement rasées. De plus, les trois quarts des constructions de la vieille ville appartiennent à des particuliers, une situation qui constitue, d'ailleurs, la principale contrainte entravant tout financement, aux frais de l'Etat, d'opérations de restauration destinées à la réhabilitation de ce site. La vieille ville est exposée, par ailleurs, signale-t-on au niveau de l'office, aux infiltrations des eaux ainsi qu'aux difficultés d'accès à certaines constructions en raison des spécificités architecturales propres aux vieilles cités dans le monde. Les rares opérations de restauration et de réfection qui sont initiées par lesdites familles, souvent dans l'urgence et sans études préalables, risquent de dénaturer l'originalité de la vieille ville et de retarder sa réhabilitation dans la forme souhaitée par les spécialistes du domaine. 60 000 unités en ruine vouées à la démolition La problématique du vieux bâti et des habitations précaires ne se pose malheureusement pas à ce seul quartier de la ville de Annaba, mais à toute la wilaya où on dénombre pas moins de 60 000 unités, toutes vouées à la démolition ou à la ruine immédiate, dont près de 1/10 est recensé au niveau de la ville chef-lieu. Dans la majorité des cités et quartiers à forte concentration humaine, de nombreux habitants sont confrontés au risque à court ou moyen terme d'écroulement de leur logement. Ces cités et quartiers datent du début du siècle dernier. Il s'agit notamment du vieux bâti du Cours de la Révolution, de l'avant-port, de Djabanet Lihoud, de la Colonne, du quartier des Mhaffeur. Le recensement en cours du vieux bâti par l'Ocrava et particulièrement l'opération d'expertise qui a été confiée depuis 2009 au CTCEst permettront, espère-t-on au niveau de la direction de l'Urbanisme, d'avoir une idée précise sur l'état des lieux, au moins à Annaba. Une idée seulement car pour ce qui est de réhabiliter ce patrimoine, somme toute important pour la municipalité, il faudra de l'argent, beaucoup d'argent.