A la cité Auzas, aux Lauriers roses...ou à La Colonne, la situation pourrait se transformer en véritable catastrophe. La hantise de voir leurs habitations s'effondrer, la peur d'être ensevelis sous les décombres, l'inquiétude et l'anxiété permanentes, sont le cauchemar quotidien des quelque 40.000 habitants des 14 cités menacées, construites pour la plupart, il y a près d'un siècle. L'effondrement, il y a quelques jours d'un immeuble de 3 étages causant la mort de 6 citoyens à la suite d'une explosion de gaz à la Place d'Armes dans la vieille ville, rappelle avec acuité le problème du vieux bâti à Annaba. Un problème sérieux qu'il faudra prendre en charge de manière urgente si l'on veut soustraire au danger des milliers de familles qui continuent à subir ce calvaire. A la cité Auzas, aux Lauriers roses ou à La Colonne, pour ne citer que ces quartiers populaires, la situation est grave et pourrait se transformer en véritable catastrophe surtout en cet hiver qui s'annonce pluvieux. L'infiltration des eaux de pluie est à craindre, car les vieilles maisons ne peuvent y résister aux flots et pourraient très vite se transformer en tombeaux pour leurs occupants. L'Office communal de restauration du vieux bâti de Annaba (Ocrava) a fait un travail remarquable en recensant toutes les constructions qui menacent ruine avec des appréciations diverses selon les cas, allant de 60 à 90% pour les plus menacées. Les techniciens et ingénieurs qui ont eu à faire des rapports sur ces habitations vétustes s'accordent à dire qu'il faudrait démolir au plus vite ces constructions quitte à reloger provisoirement ces familles en attendant de leur attribuer des logements dans le cadre des différentes formules initiées par les pouvoirs publics. Ainsi, plus de 1200 bâtisses localisées dans les quartiers cités plus haut, peuvent s'écrouler à tout moment, le pire est à craindre. Des habitants de la Place d'Armes que nous avons rencontrés, nous confient qu'il y a eu, à chaque fois, des recensements. «Nous y avons cru, nous déclare une vieille femme, et nous y avons vu une lueur d'espoir, les années ont passé et comme vous voyez, nous vivons toujours au même endroit.» La maison, si on peut l'appeler ainsi, est encore «debout». Une petite porte en bois, des murs lézardés, de profondes fissures la traversent de part en part, des flaques d'eau au milieu de la petite courette, un petit bassin et des toilettes collectives. Le toit est béant par endroits, quelques tuiles noircies par les intempéries y ont été déposées pour empêcher, du moins l'infiltration des eaux de pluie. «Comme vous le voyez, personne ne s'inquiète de notre sort, la commune n'a rien fait pour nous, nous lance un jeune visiblement très en colère, nous sommes des citoyens comme les autres et nous voudrions vivre comme tout le monde. Les promesses, nous en avons mare, les faux espoirs nous tuent à petit feu. Peut-être que ces messieurs attendent une autre catastrophe pour réagir!» La situation est dramatique et paradoxale en même temps, d'un côté 22.000 logements en construction et dont près de la moitié seront bientôt achevés.De l'autre côté, des milliers de citoyens qui vivent avec une sorte d'épée de Damoclès qui pend au dessus de leur tête parce que leurs habitations risquent de s'effondrer à tout moment.