Le rituel de la S'beiba, une pratique ancestrale de la région de Djanet (Illizi), a été inscrit, mercredi passé, sur la liste représentative du patrimoine, à l'occasion de la 9e session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. A cette occasion le ministère des Affaires étrangères a indiqué, mercredi passé dans un communiqué, que l'inscription de la fête de la S'beiba sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, constitue une «reconnaissance du rôle de ce rituel dans le dialogue et la cohésion sociale», rapporte l'APS. Ainsi cette inscription «constitue une reconnaissance du rôle de ce rituel et cérémonies dans le dialogue et la cohésion sociale en contribuant à la paix et au respect mutuel entre les communautés», relève le MAE dans son communiqué. D'autre part, il s'agit d'«un encouragement au maintien des traditions ancestrales de l'Algérie qui favorise l'amélioration de la visibilité du patrimoine culturel immatériel en général», souligne la même source, ajoutant que «par cette décision, le comité reconnaît, par ailleurs, que les mesures variées de sauvegarde mises en place par l'Algérie incluent des activités de recherche, de documentation et de diffusion qui ont été élaborées avec une participation active de la communauté et des institutions publiques». Lors de cette fête séculaire du rituel de la S'beiba célébrant la fête de l'Achoura, les femmes déclament «tissiway», un chant poétique millénaire abordant, à travers la beauté de ses vers et la richesse de ses métaphores, les différents thèmes de la vie et les us et coutumes de la région. Il y a également des poèmes dédiés spécialement à l'éloge de grandes personnalités qui ont marqué l'histoire de la région, sans oublier les joutes verbales toutes en poésie entre les habitants des ksour El-Mihane et Azelouaz, très prisées lors de ce rituel. La danse est également une composante importante du rituel de la S'beiba. Ainsi, tel qu'il est de tradition, lors de ce rituel il est organisé une série de danses guerrières sur les rythmes «Ganga» des tambours et des chants de femmes. Des groupes d'hommes, issus de deux vieux ksour, à savoir El-Mihane et Azelouaz, parés de leurs plus beaux costumes traditionnels aux étoffes nobles soulignant leur appartenance tribale, célèbrent un pacte de paix conclu entre leurs aïeux. Les femmes font «parler» leurs tambours pour accompagner les guerriers danseurs en entonnant le «tissiway», un chant poétique traditionnel. Selon la légende locale, la célébration de cette fête remonte à l'époque de l'Egypte antique, lorsque le pharaon Ramsès II séjournait dans les environs de la ville de Djanet. Il tyrannisait la population locale. Apprenant avec soulagement la mort par noyade de ce tyran, les habitants de Djanet se rendirent en masse vers Doghia, la place où se déroule la grande cérémonie de la S'beiba, pour célébrer la mort de la tyrannie et de l'injustice. Sur le site officiel du ministère du Tourisme il est précisé que lors de chaque fête religieuse de l'Achoura les populations se retrouvent pour reconduire le pacte paix scellé il y a près de trois mille ans ainsi que de nouvelles alliances. A cette époque, régnait une guerre fratricide entre des tribus targuies. Ce n'est qu'en apprenant la victoire de Moïse sur le pharaon qu'ils consentirent à mettre fin à leurs conflits et scellèrent un pacte de paix qui, depuis, les unit. Des exhibitions de combats reconstituant la dernière bataille à la suite de laquelle le pacte de paix a été signé, ont lieu à cette occasion au rythme de chants de femmes entrecoupés de youyous pour encourager les guerriers. S. B./APS