Le vent de colère qui s'est levé vendredi dernier à Touggourt semble se calmer. Même si une certaine tension et une peur grandissante du débordement se faisaient ressentir à l'approche de l'enterrement des deux victimes des heurts qui ont éclaté entre les habitants du quartier de Draa El Baroud, dans la commune de Nezla, et les forces de l'ordre. Mais les Touggourtis ne sont pas pour la violence et ils l'ont crié, déjà, vendredi dernier, lorsqu'ils avaient organisé une manifestation en marchant dans les rues de Touggourt en direction du siège de la sûreté pour dénoncer les violences et réclamer la libération des 14 manifestants détenus. Ces derniers ont finalement été relaxés sur instruction du ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz. D'ailleurs, c'est le déplacement de ce représentant du gouvernement, accompagné du directeur général de la Sûreté nationale, qui a calmé les esprits. Et cela en raison des décisions d'apaisement prises, dont le limogeage du chef de daïra et du chef de la sûreté de daïra de Touggourt et l'élargissement des jeunes protestataires interpellés lors des affrontements meurtriers. A propos de ces derniers, le ministre de l'Intérieur a déclaré, lors de sa présence à Touggourt et à l'issue d'une rencontre avec des responsables locaux, des notables et des représentants de la société civile qu'«il a été convenu aujourd'hui que ces jeunes peuvent rentrer dès à présent chez eux, en attendant que la justice suive son cours». Tayeb Belaïz, qui a appelé les habitants de Touggourt «à veiller au calme et à opter pour le dialogue», assurant que «le dialogue est le moyen indiqué pour solutionner les problèmes soulevés», n'a pas manqué d'annoncer que «d'autres mesures importantes ont également été prises, dont certaines seront mises en œuvre aujourd'hui ou demain, notamment celles liées au dossier d'attribution de lots de terrain à bâtir». Le ministre a ajouté que «les préoccupations soulevées seront prises en charge, progressivement». Rappelons que les habitants du quartier de Draa El Baroud ont protesté vendredi dernier contre les retards dans les attributions promises de lots de terrain à bâtir et l'absence de raccordement au réseau d'alimentation en eau potable. Les contestataires, surtout des jeunes, ont fermé la route nationale n°3. L'intervention des services de police pour les déloger a tourné à l'affrontement et a entraîné des arrestations. Le mouvement de protestation a dégénéré en émeutes, les jeunes s'attaquant au commissariat de police pour réclamer la libération des personnes arrêtées. C'est dans ce branle-bas de combat que deux jeunes ont trouvé la mort par balles. Il s'agit de Toumi Meftah (âgé de 24 ans) et de Malki Nourredine (âgé de 20 ans), selon la direction locale de la santé et de la population (DSP) de Ouargla. Près d'une quarantaine d'autres personnes ont été blessées, dont quatre sont dans un état grave. Tayeb Belaïz qui a présenté ses «sincères condoléances» aux familles des victimes a annoncé l'octroi d'une aide d'un million de dinars et d'un logement à chacune des familles des deux personnes décédées, «en signe de soutien de l'Etat aux familles endeuillées». Il est à souligner que le procureur de la République territorialement compétent a ordonné l'ouverture d'une enquête préliminaire ainsi que l'autopsie des corps des deux victimes, et ce pour déterminer les tenants et aboutissants des faits. Outre l'action judiciaire, une enquête administrative a été décidée pour déterminer les responsabilités. Mais pas seulement. Puisque Tayeb Belaïz a déclaré en ce qui concerne le dossier explosif du foncier que d'importantes mesures «ont été prises, dont certaines seront mises en œuvre, aujourd'hui ou demain». Il semble clair qu'une enquête va être menée, surtout si l'on se réfère à l'enquête publiée hier par un confrère et selon laquelle un rapport transmis aux plus hautes autorités du pays par des notables et des élus locaux faisait état de l'accaparement des réserves foncières par des élus locaux nouveaux et anciens dans la wilaya de Ouargla. Ce rapport de mise en garde, selon le quotidien, a été envoyé quatre semaines avant l'émeute et dénonçait une main basse sur des réserves foncières d'une valeur de centaines de milliards. H. Y.