Retenu en compétition officielle de la 25e édition des Journées cinématographiques de Carthage, les documentaires algériens El oued d'Abdenour Zahzah et Chantier A coréalisé par Karim Loualiche, Tarek Sami et Lucie Dèche ont été projetés, jeudi dernier, à Tunis. D'une durée de 86 minutes, El oued, marche le long de Oued Cheffa et part à la rencontre des habitants de ses rives. Des laissés-pour-compte qui racontent à la caméra leur souffrance durant la décennie noire. Pour le second documentaire, Chantier A, il filme le retour de Karim Loualiche dans son village natal en Kabylie après dix ans d'absence. La première partie de cette œuvre est consacrée aux retrouvailles familiales, à la redécouverte de ce village haut perché, de son habitat et des paysages de Kabylie, tout en donnant la parole aux amis et à la famille du coréalisateur qui racontent leur quotidien. Dans la seconde partie, Karim Loualiche entame avec son équipe un périple à travers plusieurs régions d'Algérie en partant à la rencontre des habitants locaux qui l'hébergent pour s'imprégner du mode de vie local et en connaître les avantages et les difficultés. Par ailleurs, la directrice des JCC, Dora Bouchoucha, a annoncé qu'à partir de cette année, les Journées cinématographiques de Carthage (JCC) deviendront annuelles et seront dotées d'un bureau permanent et indépendant pour «redorer le blason» d'une institution créée au milieu des années soixante du siècle dernier, a indiqué la responsable à l'APS. Cette décision longtemps revendiquée par les cinéastes et hommes de culture tunisiens vise à reconquérir la place des JCC parmi les autres festivals cinématographiques d'Afrique et du monde arabe qui se tiennent annuellement et «défendent leur position, surtout en matière d'exclusivité», a soutenu Dora Bouchoucha. «Le passage à un festival annuel et la constitution d'un comité permanent étaient déjà acquis en 2010, à quelques mois de la révolution tunisienne, mais cela ne s'est pas concrétisé car toutes les énergies étaient concentrées ailleurs», a-t-elle expliqué. Les dates fixées pour les JCC coïncident avec la tenue d'autres événements cinématographiques annuels en Algérie, au Maroc, en Egypte ou encore aux Emirats arabes unis, ce qui a beaucoup «pénalisé» ces Journées, a-t-elle ajouté. Quant à l'alternance, qualifiée de «fausse», avec le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco) -autre biennale cinématographique- elle est tout aussi pénalisante, selon Dora Bouchoucha qui estime qu'«il n'y a (en définitif) que trois mois d'écart entre deux festivals africains d'envergure et que les sélections sont obligatoirement identiques». Estimant que l'organisation de la 25e édition des JCC était un «acte de militantisme culturel et civique» au regard de la situation économique du pays, la directrice a souligné tout l'intérêt porté à cet évènement cinématographique qui a un demi-siècle d'âge presque et a «grandement participé à la formation de la société civile grâce à l'ouverture» que permet le 7e Art. Initiées par le cinéaste Tahar Cheriaa et lancées en 1966, les Journées cinématographiques de Carthage ont pour objectif premier de «mettre en avant le cinéma d'Afrique subsaharienne et du monde arabe, créer des ponts de dialogues entre le Nord et le Sud et proposer une rencontre entre cinéastes et cinéphiles de tous bords». W. S. M./APS